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GADE NIELS (1817-1890)

Personnalité la plus marquante du monde musical danois du xixe siècle. Élevé dans un milieu musical (son père, ébéniste, s'était spécialisé dans la facture d'instruments), Niels Gade fait ses débuts de violoniste en 1833 à l'Orchestre royal de Copenhague. Il réalise ses premiers essais de composition dans les années 1830. Il faut attendre les années 1840 pour voir naître ses premières grandes œuvres : l'ouverture Ossian qui remporte un prix au concours organisé par la Société musicale de Copenhague et la Symphonie no 1 en « do » mineur. Si Copenhague refusa de jouer cette dernière œuvre, Mendelssohn s'enthousiasma pour le manuscrit et la fit exécuter en 1843 avec grand succès. Cela marque le début de l'amitié de Gade avec Mendelssohn et de la « germanisation » du Danois. Nanti d'une bourse, le compositeur part pour Leipzig : il y enseigne à l'Académie de musique et devient l'assistant de Mendelssohn à la tête de l'orchestre du Gewandhaus. À la mort de ce dernier, Gade lui succède (1847). Schumann, qui lui avait réservé un accueil très favorable dans sa Neue Zeitschrift für Musik, va être le deuxième compositeur qui, après Mendelssohn, aura le plus d'influence sur son œuvre. La guerre entre la Prusse et le Danemark interrompt la carrière du compositeur à Leipzig (d'où datent notamment la IIIe Symphonie et l'Octuor à cordes). De retour à Copenhague, Gade y reprend en main les activités musicales. Il réorganise la moribonde Société musicale par la création d'un orchestre et d'un chœur permanents, et l'exécution des œuvres des maîtres du passé (Bach), des grands romantiques (Beethoven) et du répertoire contemporain (Gade ne s'oubliera pas à l'affiche : de la IVe à la VIIIe, ses symphonies y figureront toutes). Dès lors, le compositeur met une grande partie de son énergie au service du développement de la vie musicale contemporaine : outre sa responsabilité à la tête de la Société musicale, il assurera un poste d'organiste de 1851 jusqu'à sa mort et, à partir de 1866, il va diriger la toute nouvelle Académie de musique de Copenhague au sein de laquelle il enseignera aussi l'histoire musicale et la composition. Toutes ces activités administratives n'entraveront jamais ses capacités créatrices. Hormis l'opéra, Gade a excellé dans tous les genres et notamment dans les œuvres pour voix et orchestre. Si son influence a été déterminante pour la génération de musiciens danois suivante, c'est qu'il a prouvé (avant Nielsen) qu'il était possible de s'affranchir de la toute-puissance germanique, sans tomber à tout prix dans des excès nationalistes. Position certes difficile à tenir : Gade a été jusqu'au bout marqué par son expérience à Leipzig auprès de Mendelssohn et Schumann, et il a subi à quelques reprises la tentation wagnérienne, en particulier dans Baldurs drøm (Le Songe de Baldur) ; tandis que les succès de Grieg lui rappelaient à quel point le folklorisme pouvait être payant pour un Nordique (et bien de ses œuvres — entre autres pour voix et orchestre — sonnent, pour le moins, scandinave). Nationaliste par sa volonté de redonner une vie musicale indépendante à son pays, Gade a marqué sa propre indépendance de compositeur en traçant une voie moyenne entre le germanisme étouffant et le scandinavisme facile.

— Michel VINCENT

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Écrit par

  • : maître en lettres modernes et linguistique générale, chargé de cours à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence, producteur à Radio-France, directeur antenne musique, Radio France Internationale

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