NIGERIA
Nom officiel | République fédérale du Nigeria (NG) |
Chef de l'État et du gouvernement | Bola Ahmed Tinubu (depuis le 29 mai 2023) |
Capitale | Abuja |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Naira (NGN) |
Population (estim.) |
228 181 000 (2024) |
Superficie |
923 768 km²
|
L'histoire précoloniale
De nombreux vestiges archéologiques témoignent de la richesse de l'histoire précoloniale du Nigeria, tant au nord qu'au sud. C'est à la civilisation de Nok que l'on doit les plus anciennes sculptures en terre cuite connues en Afrique subsaharienne. La culture de Nok aurait couvert une aire de quelque 500 kilomètres, au nord du confluent du Niger et de la Bénoué. Les objets découverts ont été datés entre 500 avant J.-C. et 200 après J.-C. L'art de Nok évoque celui d' Ifé-Bénin, et l'hypothèse d'une filiation est renforcée par des découvertes faites à Abuja, à environ 300 kilomètres de Ilé-Ifé (Oyo State). Ifé semble dès le ixe siècle avoir été un centre de moyenne importance qui devient, entre les xie et xive siècles, le siège d'une cour royale pleine de magnificence. C'est de cette époque que datent les sculptures de bronze et les terres cuites qui valent sa renommée mondiale à Ifé.
L'évolution des formations politiques précoloniales du Nord nigérian doit être située dans le contexte plus général des évolutions propres à la ceinture soudanienne. Au ixe siècle apparaît l'empire du Kanem-Bornou dont le territoire s'étend du lac Tchad au Niger. Son émergence est une conséquence du dessèchement du Sahara qui suscite d'importantes migrations de populations nomades. L'empire Kanouri atteint son apogée sous la dynastie des Sefawa avant de connaître une série de conflits dynastiques qui prennent fin au xve siècle avec l'avènement du mai Ali Gaji. C'est toujours en liaison avec les mouvements qui affectent la ceinture soudanienne que se développent, à partir du xie siècle, les royaumes haoussa de Kano, Biram, Daura, Rano, Katsina, Zassau (Zaria) et Gobir dont la prospérité repose sur le développement du commerce transsaharien. Au début du xixe siècle, le djihad d'Ousmane Dan Fodio (1754-1817) bouleverse radicalement la configuration politico-religieuse du Nord nigérian. Au début de l'année 1804, le prédicateur réformiste prend la tête d'une offensive qui, en l'espace de quelques années, renverse les monarchies haoussa ou les contraint à l'exil.
Au Sud, l'empire de Old Oyo est la formation politique la plus puissante et la mieux organisée qu'ait connue le golfe de Guinée jusqu'à l'imposition de l'autorité coloniale. L'empire se développe à partir du xvie siècle en tirant parti de sa situation le long de la zone de contact entre la savane et la forêt. Doté d'une cavalerie bien organisée, l'empire englobe, au xviie siècle, une grande partie du pays yorouba, ainsi que des régions substantielles du pays noupé, du Borgou et de l'actuelle république du Bénin. L'empire d'Oyo commence à décliner au xviiie siècle, du fait d'une crise des institutions et de conflits entre notables : aucun des alafin ne semble être décédé naturellement. Ce sont des institutions déliquescentes que vient menacer le djihad, ce qui conduit à l'abandon de la capitale de l'empire (Old Oyo) en 1810 et marque l'effondrement de l'empire d'Oyo ; les États nouveaux qui se forment plus au sud (New Oyo, Ibadan, Ijaye et Abéokouta) vont se livrer les uns aux autres des conflits qui ne prendront fin qu'avec la paix armée du colonisateur.
Plus à l'est, le royaume de Bénin aurait été fondé entre les xiiie et xive siècles. À partir du xvie siècle, ses rois (les obas) disposent d'une armée importante et contrôlent de facto un territoire plus étendu que celui de l'alafin d'Oyo. La prospérité du royaume repose sur les échanges commerciaux, y compris avec les Portugais qui y débarquent en 1472. Les cités-États du delta du Niger (Brass, Bonny et Calabar) entretiennent également avec les commerçants européens des contacts qui, à partir[...]
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Écrit par
- Daniel C. BACH : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre Émile-Durkheim, Sciences Po Bordeaux
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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