NIGERIA
Nom officiel | République fédérale du Nigeria (NG) |
Chef de l'État et du gouvernement | Bola Ahmed Tinubu (depuis le 29 mai 2023) |
Capitale | Abuja |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Naira (NGN) |
Population (estim.) |
228 181 000 (2024) |
Superficie |
923 768 km²
|
Le Nigeria indépendant
Un système fédéral dominé par les régions (1960-1966)
L'autonomie accordée aux trois (puis quatre) régions dans le cadre du système fédéral a permis de préserver l'unité nigériane, mais constitue également une entrave à l'exercice de l'autorité fédérale. Les trois forces politiques principales contrôlent le gouvernement des trois régions et, dès 1961, tendent à s'y ériger en partis uniques. Dans le Nord, il en résulte de violents incidents en pays tiv dès 1960, puis à nouveau en 1964. Dans la région orientale, le NCNC est également hostile à toute représentation autonome des minorités du Sud-Est qui expriment de manière parfois violente leurs revendications. Toutefois, les tensions les plus graves éclatent dans la région occidentale contrôlée par l'Action Group : en mai 1962, les partisans de Obafemi Awolowo au sein de l'Assemblée régionale adoptent une motion de défiance à l'égard du gouvernement régional de S. Akintola, jugé trop conciliant envers la coalition gouvernementale à l'échelon fédéral. De graves incidents provoqués par les partisans d'Akintola aboutissent à une proclamation de l'état d'urgence, puis à la nomination d'administrateurs et de ministres intérimaires par le gouvernement fédéral. Awolowo et ses principaux partisans sont arrêtés et condamnés pour haute trahison à de lourdes peines de prison. Enfin, la région Ouest est affaiblie par un redécoupage qui se traduit par l'établissement d'une quatrième région, le Midwest, en 1964. Parallèlement, les rapports entre les composantes de la coalition fédérale se dégradent : les élections générales de 1964 provoquent un éclatement de la coalition NPC-NCNC au profit d'alliances organisées sur la base d'une dichotomie entre le Nord (Nigerian National Alliance comprenant le NPC et la faction Akintola de l'Action Group) et le Sud (United Progressive Grand Alliance, ou UPGA, formée par le NCNC, les membres de l'Action Group encore en liberté et les partis du Nord minoritaires). Les fraudes électorales dans le Nord conduisent l'UPGA à boycotter le scrutin dans le Sud. Une grave crise politico-constitutionnelle s'ensuit entre le Premier ministre et le président de la Fédération (le Nigeria est devenu une république au sein du Commonwealth en 1963). Un compromis sera finalement trouvé avec la formation d'un cabinet fédéral élargi et l'organisation de nouvelles élections dans l'Est et dans l'Ouest (nov. 1965) où la violence politique atteint à cette occasion des sommets inégalés.
L'unité nigériane menacée (1966-1970)
Le 14 janvier 1966, c'est un régime discrédité qu'un petit groupe d'officiers supérieurs renverse : vingt-sept personnalités civiles, dont le Premier ministre fédéral (A. Tafawa Balewa), ainsi que les Premiers ministres du Nord (A. Bello) et de l'Ouest (S. Akintola), sont assassinées. Le coup d'État, conduit par le major Nzéogwu, échoue toutefois lorsque le général Aguiyi-Ironsi, chef d'état-major des forces armées et ibo, comme la quasi-totalité des putschistes, prend la tête d'un contrecoup d'État et négocie la reddition des mutins. Sa popularité initiale subit une érosion rapide du fait de son refus de traduire les putschistes devant les tribunaux, mais aussi et surtout de son annonce (mai 1966) de l'abolition prochaine du système fédéral au profit d'un gouvernement unitaire. Une violente réaction s'ensuit dans le Nord où les nouvelles dispositions sont considérées comme un moyen d'asseoir la domination du Sud, et tout particulièrement des Ibo. À Zaria, dans le Nord, des manifestations estudiantines dégénèrent en émeutes au cours desquelles une centaine d'Ibo sont tués. Le 29 juillet 1966, le général Aguiyi-Ironsi est à son tour assassiné à Ibadan par des soldats du Nord ; de nombreux soldats de l'Est périssent également[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel C. BACH : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre Émile-Durkheim, Sciences Po Bordeaux
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ARTS DU NIGERIA (exposition)
- Écrit par Vincent BOULORÉ
- 1 554 mots
-
ABUJA
- Écrit par Daniel C. BACH
- 338 mots
- 1 média
C'est en février 1976 que, sur la base des recommandations d'une commission d'enquête, les militaires à la tête du Nigeria décident de créer une nouvelle capitale fédérale au cœur du pays, mettant ainsi fin à plusieurs décennies d'atermoiements. La décision de créer une ville nouvelle...
-
ACHEBE CHINUA (1930-2013)
- Écrit par Michel FABRE
- 428 mots
-
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 12 424 mots
- 24 médias
La fédération de Nigeria aurait dû connaître des changements encore plus rapides que la Gold Coast, si cet immense territoire n'avait pas posé déjà le problème si grave de l'unité nationale auquel allait se heurter la plupart des États héritiers des colonisateurs. Dès 1947, les autorités locales cherchèrent... -
AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures
- Écrit par Jean DERIVE , Jean-Louis JOUBERT et Michel LABAN
- 16 566 mots
- 2 médias
Pourtant, au Nigeria, un important foyer de culture et de littérature s'était développé autour du Mbari Club d'Ibadan et de la revue Black Orpheus, fondée en 1957. Dès 1952, Amos Tutuola (1920-1997) avait publié The Palm-Wine Drinker and his Dead Palm-WineTapster in the Dead's... - Afficher les 54 références