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PAŠIĆ NIKOLA (1845-1926)

Homme d'État serbe, Nikola Pašić est le fils d'un marchand. Il fait des études d'ingénieur à Belgrade, puis à Zurich où il rencontre Bakounine. En 1875, il rejoint comme volontaire les insurgés d'Herzégovine ; en 1878, il est élu député, et, en 1881, il fonde le Parti radical serbe. Condamné à mort par contumace en 1883, il reste en exil jusqu'à l'abdication du roi Milan (1889). Il noue alors des amitiés en Russie, en Bulgarie et en Roumanie ; il devient un ardent russophile et un partisan des Karagjorgjević. À son retour, il est élu président de l'Assemblée nationale, maire de Belgrade et en 1891, pour la première fois, président du Conseil. Ministre de Serbie à Saint-Pétersbourg, il démissionne en 1894 pour protester contre le retour de l'ex-roi Milan. Après la chute des Obrenović en 1903, son parti dominera la vie politique serbe. Pašić est président du Conseil en 1903, 1904, 1908, 1910 et reprend le pouvoir en 1912 pour l'assumer durant les guerres balkaniques, puis durant toute la Première Guerre mondiale. Il est partisan d'une Grande Serbie regroupant toutes les provinces peuplées de Serbes. La révolution de 1917 affaiblit sa position et il doit accepter le programme de Trumbić et la déclaration de Corfou (juill. 1917), qui trace les grandes lignes de la future Yougoslavie. Même en 1918, Pašić maintient ses positions ; il démissionne et on l'envoie comme délégué à la Conférence de la paix. En janvier 1921, il revient au pouvoir et, grâce à l'abstention du Parti paysan croate, il met en œuvre le régime centralisé par la Constitution de juin 1921. En 1922, il forme un cabinet monocolore, exclusivement radical serbe. Après une brève éclipse, de juillet à février 1924, il revient au gouvernement, dissout l'Assemblée, jette Radić et ses collègues du Parti paysan croate en prison et s'assure une faible majorité. Peu de temps avant sa mort, il se réconcilie avec Radić, le fait entrer au gouvernement et tente vraiment une expérience de gouvernement serbo-croate dans la Yougoslavie nouvelle. Il a dominé la vie politique serbe dans le premier quart du xxe siècle, mais le parti radical devient exclusivement nationaliste, perdant de vue les réformes sociales et la nécessité d'un compromis dans les questions nationales. À long terme, son influence devait être néfaste pour le « royaume des Serbes, Croates et Slovènes », qu'il concevait trop comme une Grande Serbie.

— Jean BÉRENGER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • RADIĆ STJEPAN (1871-1928)

    • Écrit par
    • 415 mots

    Homme politique yougoslave, fondateur du parti paysan croate, avec son frère Antoine. Aux élections de 1908 Stjepan Radić fut élu député à la diète de Croatie (Sabor), qui siégeait à Zagreb, conformément aux dispositions du compromis hungaro-croate de 1868 et aux traditions du droit d'État...

  • YOUGOSLAVIE

    • Écrit par , , et
    • 15 297 mots
    • 14 médias
    ...l'indépendance, à rechercher l'union avec le royaume de Serbie, idée qui inspire la déclaration de Corfou du 20 juillet 1917, signée par le ministre serbe Nikola Pašić et le président du Comité yougoslave de Londres, et qui prévoit l'union des Serbes, des Croates et des Slovènes sous la dynastie des Karagjorgjević....