TINBERGEN NIKOLAAS (1907-1988)
L' éthologue néerlandais Nikolaas, dit Niko, Tinbergen, a construit avec passion une connaissance approfondie du milieu naturel et du comportement des animaux sauvages surtout des oiseaux, mais aussi des poissons et des insectes. Remarquable par son inventivité d'expérimentateur, il a enrichi et développé l'utilisation de leurres pour l'exploration de l'univers subjectif des animaux. Nommé professeur à l'université de Leyde puis à Oxford, il devient le théoricien de l'instinct et de l'éthologie classique ou objectiviste, discipline qu'il fonda, au milieu des années 1930, avec Konrad Lorenz et qui a pour objet d'étudier le comportement des animaux dans leur milieu naturel. Ces deux scientifiques ont d'ailleurs reçu, en 1973, en collaboration avec Karl von Frisch, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs travaux dans ce domaine. Aux Pays-Bas comme en Angleterre, Tinbergen a formé un nombre important d'éthologues et a posé les fondements de l'éthologie de la fin du xxe siècle. Il achèvera sa vie scientifique en s'intéressant au comportement humain et aux enfants autistes.
Le naturaliste
Nikolaas Tinbergen est né en 1907 à La Haye, dans une famille de six enfants. Son père, professeur de langue et de littérature néerlandaise dans un collège, était un homme particulièrement stimulant sur le plan intellectuel et, comme lui, toute la famille appréciait le contact étroit avec la nature. Tinbergen passait ses vacances près de Hulhorst, à 150 kilomètres environ à l'intérieur des terres, dans une région de landes à bruyères et de pinèdes où, très tôt, il se passionnait pour l'observation directe d'animaux : des poissons (épinoche), installés dans de petits aquariums au fond du jardin, de multiples oiseaux (faucon ou goéland) et des insectes (philanthe). Il accompagnait ses observations d'esquisses et de photographies. Peu intéressé par l'école et les études, il était au contraire attiré par les activités sportives, pratiquant assidûment le patinage sur glace et le hockey sur gazon. Aussi, est-ce après bien des hésitations qu'il renonce à une carrière sportive et décide de s'inscrire à l'université de Leyde. Il se lie d'amitié avec J. Verwey, l'un de ses professeurs, auteur de travaux sur la formation des couples chez le héron gris et sur l'éthologie de l'aigrette garzette. Encore étudiant, Niko Tinbergen met en forme les observations qu'il a collectées depuis son enfance et les enrichit par des expérimentations. Ces recherches aboutissent à des publications dès 1932. Mais, ce sont les travaux qu'il a menés durant l'été 1930, à Hulhorst, concernant le retour au nid du philanthe apivore, une guêpe parasite des abeilles nichant dans un terrier creusé dans le sol, qui fournit la matière de son doctorat en 1932. Il utilise des méthodes expérimentales inspirées de Jean-Henri Fabre, de Karl von Frisch et, surtout, du travail d'une élève de ce dernier, Mathilda Hertz, sur la vision des formes (Gestalt) chez les insectes, pour démontrer la remarquable aptitude de la guêpe à apprendre la localisation de son nid par rapport à la configuration des repères visuels de son environnement proche. Un vol d'orientation très bref suffit à l'insecte, lorsqu'il quitte le nid, pour mémoriser la configuration visuelle de repères qui entourent l'entrée, lui permettant de reconnaître les lieux et d'y revenir.
Durant cette période, Tinbergen saisit une occasion de conjuguer sa passion pour la nature sauvage et les sports extrêmes en participant durant une année (1932-1933) à une expédition géophysique dans le sud-est du Groenland. Ce fut pour lui l'occasion d'étudier le comportement reproducteur de deux espèces d'oiseaux, le phalarope roux et le bruant des neiges.[...]
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Écrit par
- Raymond CAMPAN : professeur honoraire à l'université Paul-Sabatier, Toulouse
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