RIMSKI-KORSAKOV NIKOLAÏ ANDREÏEVITCH (1844-1908)
« Je n'aime pas le chagrin, les deuils, les messes commémoratives. Si vous voulez un jour penser à moi, quand je ne serai plus là, écoutez simplement ma musique... » De tous les compositeurs russes de son temps, Rimski-Korsakov fut l'un des plus féconds. Ce ne fut pas un compositeur de musique « pure » ; le poème symphonique et surtout l'opéra constituaient son vrai domaine. Dans sa musique, il se détache des choses et des passions humaines et les considère avec une bienveillante indulgence, nuancée d'un scepticisme discret. De la sorte, il se crée un univers à lui, où les grands sentiments ne parviennent qu'à l'état d'échos atténués ; il façonne des personnages imaginaires asservis à sa volonté, et les présente à travers le prisme de son génie, un peu comme l'astrologue du Coq d'or : ne disait-il pas en plaisantant que le chanteur chargé de ce rôle devait se faire sa tête à lui ! Et puis, très différent en cela de Moussorgski et de Borodine, qui estimaient, l'un, que l'âme d'un peuple s'exprime le mieux au cours des périodes troublées de son histoire, et, l'autre, qu'elle se reflète le plus fidèlement dans les grandes épopées nationales, Rimski-Korsakov pensait que la sagesse populaire trouve sa plus belle traduction dans les légendes et les contes, surtout quand ils comportent une morale. De là son attachement à un « fantastique russe » qui n'a rien de romantique, ni de postromantique, qui ne constitue pas une « machine » théâtrale, musicale ou littéraire, mais se rattache directement aux évasions en esprit, aux rêveries populaires russes, où l'émotion revêt un aspect candide, naïf et pourtant réellement humain.
Voué à la musique
Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov est né à Tikhvin, petite cité de la province de Novgorod. Sa vie fut sans histoire. Épris de musique dès l'âge de quatre ans, il s'y consacra totalement à vingt-deux ans, après avoir donné sa démission d'officier de marine. En 1871, il devint professeur d'instrumentation et de direction d'orchestre au conservatoire de Saint-Pétersbourg, ce qui l'obligea à de très sérieuses études musicales théoriques qu'il fit par correspondance, sous la direction de Tchaïkovski. En effet, bien qu'ayant été initié par Balakirev, il fut cependant avant tout un autodidacte ; il n'était donc pas encore capable d'enseigner ; mais, poussé par ses compagnons du « groupe des Cinq » (Balakirev, César Cui, Borodine, Moussorgski), il avait accepté ce poste afin d'établir « une tête de pont chez l'ennemi » : la rivalité était encore flagrante entre les « académiques » formés au conservatoire et les « fauves » du groupe. Au terme d'une vie entièrement vouée à la musique, Rimski-Korsakov mourut à Lioubensk.
En plus de quinze opéras, il laissait notamment : trois symphonies, trois concertos, un trio, deux quatuors, un quintette, un sextuor, cinq poèmes symphoniques, trois cantates, trois ouvertures symphoniques, deux fantaisies, quatre recueils de pièces pour piano, une trentaine de mélodies et de la musique sacrée.
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Écrit par
- Michel-Rostislav HOFMANN : membre de la Société des gens de lettres et de l'Académie Charles-Cros
Classification
Média
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