Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MIASKOVSKI NIKOLAÏ IAKOVLEVITCH (1881-1950)

Né à Novogueorguievsk, près de Varsovie, le 20 avril 1881, d'un père ingénieur militaire, Miaskovski était voué à suivre l'exemple paternel. Parallèlement à ses études au Collège des cadets de Nijni-Novgorod, puis à celui de Saint-Pétersbourg, il prend des cours de violon et de piano. Officier en 1902 et envoyé à Moscou, il poursuit sa formation musicale avec Reinhold Glière, puis, en 1904, de retour à Saint-Pétersbourg, avec Ivan Kryzhanovski, qui lui fait découvrir Debussy et l'impressionnisme. Il n'entre au Conservatoire qu'à vingt-cinq ans et suit les classes de Vitol (composition), de Rimski-Korsakov (orchestration) et de Liadov (harmonie). Il s'y lie avec un camarade, de dix ans son cadet, Serge Prokofiev, qui se fait remarquer par ses manières iconoclastes. Comme pianiste-compositeur, il participe aux « Soirées de musique contemporaine » et se familiarise avec le répertoire d'avant-garde que constituent à l'époque (1909-1913) les partitions de Debussy, de Ravel, de Schönberg et de Reger. Il découvre avec Prokofiev le Poème de l'Extase de Scriabine, avouant « ne pas y comprendre une note », lors de sa création, le 19 janvier 1909. Ils déchiffrent à quatre mains les symphonies de Glazounov, d'harmonie plus classique, et la musique contemporaine germanique, Wagner et Richard Strauss. Miaskovski, qui signe souvent Misanthropos dans la revue Muzyka, à laquelle il est attaché comme critique, est sévère dans ses jugements et se fait des ennemis de musiciens de renommée internationale tels que le pianiste Alexandre Siloti, les chefs d'orchestre Oskar Fried et Serge Koussevitzki, et le dangereux éditorialiste qu'est aussi César Cui...

Il commence déjà à douter de ses propres dons de compositeur ; néanmoins il achève ses premiers poèmes symphoniques, Le Silence (1909, d'après Edgar Poe), Alastor ou L'Esprit de solitude (1913, d'après Shelley). Il termine sa Symphonie en ut mineur (1908), la première d'une série, d'un nombre unique au xxe siècle, qui s'achèvera avec la Symphonie no 27 (dans la même tonalité), dont la création aura lieu le 9 décembre 1950, quelques mois après la disparition de son auteur, le 8 août. Ces symphonies s'échelonnent ainsi sur toute sa carrière, hors l'interruption de la guerre (1914-1917), et dénotent une réelle bienveillance initiale pour la révolution bolchevique. Miaskovski fut soutenu un temps par Lounatcharski, le commissaire du peuple à l'Éducation de Lénine. La Symphonie no 1 ne superpose pas moins de quatre thèmes dans le final. La Symphonie no 3 (créée le 27 février 1915), en deux mouvements, est proche du poème symphonique selon Rachmaninov. Au lendemain de la Grande Guerre, Miaskovski atteint une certaine notoriété avec les Symphonies no 5 (18 août 1920) et no 6 (4 mai 1924), fresque monumentale avec chœur ad libitum, orchestrant aussi bien les chants révolutionnaires français (Ça ira, La Carmagnole) que le leitmotiv cher à Rachmaninov du Dies irae médiéval. Les symphonies no 7 (8 février 1925), vaste composition populaire ukrainienne, no 8 (23 mai 1926), évoquant l'exécution de Stepan Razine, no 9 (29 avril 1928), en quatre amples mouvements et no 10 (7 avril 1928), s'inspirant du Cavalier d'airain de Pouchkine, achèvent la période de relative notoriété internationale du compositeur. Lorsqu'il fait jouer sa Symphonie no 11 (16 janvier 1933), Lounatcharski n'est plus là, et la nouvelle Union des compositeurs, présidée par Krennikhov, veille à l'orthodoxie de la production musicale. En toute honnêteté, Miaskovski avoue que ses nouvelles symphonies (nos 12 à 20), « malgré tous [ses] efforts ne contiennent parfois rien d'autre que des banalités ».

En 1937, il écrit un Concerto pour violon à l'intention du jeune David Oïstrakh[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification