VAVILOV NIKOLAÏ IVANOVITCH (1887-1943)
Un botaniste voyageur
On peut distinguer trois aspects dans le travail accompli par Vavilov et ses collaborateurs.
Le premier, classique, a été de produire de nouvelles souches de plantes cultivées, surtout des céréales, par croisements entre des variants de plantes et par sélection des hybrides porteurs de caractères intéressants d’un point de vue agricole. Ce travail de génétique appliquée aux plantes, continuation des procédures auxquelles il avait été initié chez Vilmorin, constitue la base du travail de Vavilov dans sa lutte pour l’autosuffisance alimentaire de son pays. Cette recherche est également à l’origine de sa théorie des variations homologues au cours de l’évolution, périodiquement ravivée, par exemple par Stephen Jay Gould (1941-2004).
Une deuxième composante de sa recherche a été d’inventorier les « centres d’origine » des plantes cultivées, c’est-à-dire les zones géographiques d’où elles sont originaires. Il en identifia neuf. Ce travail a été poursuivi et, à présent, on compte douze zones principales dites « zones de diversité ». Ce résultat n’est pas académique : on trouve en effet dans ces zones non seulement les ancêtres des plantes cultivées actuelles, mais également des espèces apparentées dont les gènes peuvent aider à l’amélioration des espèces actuelles et de leurs variants.
La troisième facette de son travail a consisté – au cours de ses nombreuses expéditions un peu partout dans le monde – à rechercher, identifier et collecter des plantes et leurs graines, non seulement dans le cadre de ses travaux sur l’origine des plantes cultivées, mais également pour constituer un fonds de diversité génétique, sous forme de « banques de semences » riche en 1940 de plus de 250 000 entrées, implantées à Leningrad, en Ukraine et en Crimée. L’importance économique de ce fonds était telle qu’un commando de la Schutzstaffel (S.S.), dirigé par un officier expert en génétique, a été chargé de s’en emparer dès 1941 et de le transférer au centre allemand de génétique des plantes à Lannach (Autriche). La banque principale, celle de Leningrad, ne fut pas touchée, en dépit du siège de Leningrad, et est encore conservée dans ce qui est devenu l’Institut Vavilov. En 2013, elle fut pourtant menacée par un projet de construction de logements de luxe. L’œuvre de Vavilov est importante, reconnue sur le plan international, et cela d’autant plus qu’elle a apporté des résultats significatifs dans le domaine difficile, longtemps négligé par les généticiens classiques, qu’est la génétique des plantes.
En 1940, Vavilov est membre du Soviet suprême, Prix Lénine et président de la Société géographique de l’URSS. La même année, en juillet, il est arrêté pour idéologie bourgeoise et sabotage de l’agriculture soviétique, condamné à mort en 1941, peine commuée en 20 ans de détention en 1942. Il meurt le 26 janvier 1943 de « dystrophie », euphémisme de la médecine pénitentiaire soviétique pour dire qu’il est mort de faim, dans la prison de Saratov en 1943. Vavilov sera réhabilité à titre posthume en 1960.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Autres références
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LYSSENKO (AFFAIRE)
- Écrit par Gabriel GACHELIN
- 3 414 mots
- 5 médias
...céréales, Lyssenko affirme pouvoir l'obtenir en quatre ans par les méthodes dites mitchouriniennes-prolétariennes, alors que son adversaire universitaire Nicolaï Vavilov – spécialiste bourgeois –, estime que par les méthodes classiques de croisements et de sélection, il faudrait au moins douze ans. Le praticien-prolétarien...