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LUGANSKY NIKOLAÏ (1972- )

Quelques mois avant de disparaître, son professeur, l'illustre Tatiana Nikolaïeva, affirmait que Nikolaï Lugansky était « le pianiste de demain », un des rares à se montrer digne de succéder aux grands maîtres de l'école russe qu'étaient Emil Guilels et Sviatoslav Richter. Les dons exceptionnels qu'il manifeste dès l'enfance lui permettent de développer très tôt une brillante carrière internationale. À tout juste quarante ans, il avait déjà conquis les salles du monde entier.

Issu d'une famille de scientifiques, Nikolaï Lugansky naît à Moscou le 26 avril 1972. Il commence l'étude du piano à l'âge de cinq ans. À sept ans, il entre à l'École centrale de musique de sa ville natale, où il travaille avec Tatiana Kestner. Dès 1988, il remporte le premier prix du concours de Tbilissi, où se pressent de nombreux jeunes musiciens venus de toute l'U.R.S.S. Il achève sa formation au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, avec Tatiana Nikolaïeva jusqu'à la mort de celle-ci survenue en 1993, puis avec Sergueï Dorensky, dont il deviendra, quelques années plus tard, l'assistant.

Encore étudiant, il accumule les places d'honneur dans les compétitions internationales : médaille d'argent au concours Bach de Leipzig (1988), deuxième prix au concours Rachmaninov de Moscou (1990), deuxième prix (premier prix non attribué) au concours Tchaïkovski de Moscou (1994). Dans ces confrontations, il n'a jamais remporté la récompense suprême. Cela n'empêche pas sa réputation de franchir rapidement les frontières russes : débuts en France dès 1986, au Japon en 1989, en Grande-Bretagne un an plus tard et aux États Unis en 1996, avec une tournée de l'Orchestre du théâtre Mariinski (ex-Kirov) de Saint-Pétersbourg, sous la baguette de Valery Gergiev. Lugansky est appelé par les plus grands chefs : Evgeni Svetlanov, Guennadi Rojdestvenski, Kent Nagano, Riccardo Chailly, Charles Mackerras, Leonard Slatkin, Kurt Masur, Marek Janowski, Yuri Temirkanov.

Il pratique régulièrement la musique de chambre avec le violoniste Vladimir Repin ou le violoncelliste Alexander Kniazev. Au côté de Vadim Rudenko, il fréquente avec un évident plaisir les partitions pour deux pianos. Il est également l'invité régulier de multiples festivals, comme ceux de La Roque-d'Anthéron et de Colmar, le festival Piano aux Jacobins (Toulouse), la Folle Journée de Nantes, le festival de Verbier, les « Proms » de la B.B.C., ou encore les festivals d'Édimbourg, de Baden-Baden et de Salzbourg.

Le jeu puissant et coloré de Lugansky, dénué de toute trace de sécheresse ou de brutalité, développe un phrasé naturellement chantant. Ses interprétations fermement construites et son style constamment sobre conviennent tout aussi bien à Mozart qu'aux pages les plus échevelées de Liszt. Dès 1986, les micros saisissent ses premières apparitions publiques, dont le Concerto pour deux pianos de Mozart, où il dialogue avec son mentor Tatiana Nikolaïeva. Lugansky construit progressivement une discographie où le grand répertoire – Beethoven (Appassionata, Pathétique, Septième Sonate, Vingt-Deuxième Sonate), Schumann (Première Sonate, Études symphoniques, Toccata, Variations Abegg) – côtoie les auteurs du xxe siècle, comme Prokofiev (Quatrième Sonate, Sixième Sonate, Roméo et Juliette) et Benjamin Britten, qui écrivait à vingt-six ans ce Young Apollo, pour piano, quatuor à cordes et orchestre à cordes. Sa vision de Chopin – notamment avec son enregistrement de l'intégralité des Études ainsi que celui des Vingt-Quatre Préludes – a été saluée avec enthousiasme par la critique.

Mais c'est avec Rachmaninov que Lugansky se révèle un des plus fascinants interprètes de sa génération. Dès 1992, il grave, au cours d'un récital, la totalité des Études-Tableaux. Suivront, tout aussi[...]

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