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HARNONCOURT NIKOLAUS (1929-2016)

Le chef d'orchestre

Dans les années 1960, Harnoncourt découvre l'Introduction à la sociologie de la musique d'Adorno et prend conscience des rapports de force qui existent entre le chef et l'orchestre. 1971 voit le début de son enregistrement intégral des cantates sacrées de Bach avec le Consort de Gustav Leonhardt, entreprise qui ne s'achèvera qu'en 1989. En 1972, fort de son expérience de violoncelliste, de sa connaissance étendue du répertoire de la musique ancienne mais également de celui de la musique romantique et postromantique, Harnoncourt fait sa première apparition au pupitre de chef d'orchestre, à la Piccola Scala de Milan, où il dirige Il ritorno d'Ulisse in patria de Monteverdi (c'est en 1987 qu'il dirigera pour la dernière fois le Concentus Musicus depuis son pupitre de violoncelliste). De 1973 à 1993, il enseigne au Mozarteum de Salzbourg la « théorie et la pratique de la musique ancienne ». En 1975, il dirige pour la première fois l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, dans la Passion selon saint Jean de Bach ; jusqu'en 1990, il dirigera presque chaque année cet orchestre dans l'une des deux passions de Bach.

En 1975 commence également une longue collaboration avec le metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle à l'Opéra de Zurich : ils donnent d'abord, jusqu'en 1979, un cycle légendaire d'opéras de Monteverdi, qui commence avec L'Orfeo. De 1980 à 1989, toujours à Zurich et toujours avec Ponnelle, c'est Mozart qui est à l'honneur avec Idomeneo, Lucio Silla, Mitridate, Re di Ponto, Die EntführungausdemSerail, Così fan tutte, Die Zauberflöte, Don Giovanni, Le nozze di Figaro. Harnoncourt est désormais invité par les plus grands orchestres : Orchestre symphonique de Vienne, Orchestre philharmonique de Vienne (à partir de 1984), Orchestre de chambre d'Europe, Orchestre philharmonique de Berlin (à partir de 1991)... En 1985, il crée à Graz le festival Styriarte. Il dirige un répertoire qui s'est étendu à Beethoven, Weber, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Verdi, Offenbach, Bruckner, Johann Strauss fils, Brahms, Bizet, Dvorák, Bartók, Berg, Gershwin...

Révolté, intransigeant, rigoureux, Harnoncourt l'est depuis toujours. Ennemi déclaré de la distraction, il déteste la manière inconsidérée avec laquelle la société maltraite la musique en l'utilisant comme ambiance sonore ou comme objet de défoulement. Harnoncourt est d'une grande exigence morale. Dans un discours prononcé à Salzbourg en 1991, à la fin de l'année Mozart, il parla de l'art et de la religion comme des deux piliers d'une existence conforme à la dignité humaine : « L'art naît de la façon dont le cœur pense. L'intelligence du cœur est le vecteur de la religion, l'art en est la langue. Mais l'art ne peut exister sans la religion, et il est le cordon ombilical qui nous relie au divin. »

Nikolaus Harnoncourt meurt le 5 mars 2016 à Sankt Georgen im Attergau (Autriche).

— Juliette GARRIGUES

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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Média

Nikolaus Harnoncourt - crédits : Barbara Gindl/ EPA

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