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NIKON (1605-1681)

Patriarche célèbre de l'Église russe, Nikon est né le 7 mai 1605 à Valmanovo, près de Nijni-Novgorod. Issu d'une famille de moujiks finnois, Nikon, de son vrai nom Nikita Minine, se forme dans un monastère avant de se marier. Devenu prêtre, il s'installe à Moscou, jusqu'à ce que le décès de ses enfants lui fasse rechercher la solitude. De 1634 à 1646, il vit ainsi en ermite, puis devient higoumène de divers monastères du nord du pays. En 1646, Nikon se rend à Moscou et fait si bonne impression au jeune tsar Alexis Mikhaïlovitch et au patriarche Joseph qu'il est nommé archimandrite du monastère Novospasski à Moscou.

Nikon devient alors très proche du confesseur du tsar, Stefan Vonifatiev, ainsi que des prêtres Ivan Neronov et Avvakum Petrovitch. Ce groupe s'efforce de redonner vie à l'Église en se rapprochant des fidèles et de purger les textes et les gestes liturgiques des erreurs éventuelles et de toute influence catholique. Avec leur soutien, Nikon est nommé premier métropolite de Novgorod (1648), puis patriarche de Moscou et de toute la Russie (1652).

Nikon accepte le plus haut poste de l'Église russe à la seule condition de posséder toute autorité sur les questions dogmatiques et rituelles. En 1654, alors que le tsar quitte la ville pour partir en campagne contre la Pologne, il demande à Nikon de superviser l'administration du pays. En 1657, lorsqu'une nouvelle guerre éclate avec la Pologne, il investit Nikon des pleins pouvoirs souverains. Fort de l'amitié du tsar, du soutien des réformateurs et de la sympathie des Moscovites, Nikon est au faîte de sa carrière.

Il s'aliène cependant rapidement ses amis et rend furieux ses opposants par sa brutalité envers ses adversaires. Consultant les érudits grecs installés à Moscou et les ouvrages de la bibliothèque patriarcale, il conclut que nombre de missels et de rituels russes sont largement corrompus et que la révision du cercle de Vonifatiev a aggravé cet état de fait. Il entreprend alors une révision complète de la liturgie russe pour la rapprocher de celle de l'Église grecque. Lorsque ses anciens amis remettent en cause ses réformes, Nikon les fait exiler. Avec l'aide de moines grecs et ukrainiens et le soutien du haut clergé grec, il adopte alors plusieurs réformes : il change la forme du salut dans l'église, le signe de croix (à trois doigts au lieu de deux) et la manière de chanter l'alléluia. Un concile du clergé russe tenu en 1654 l'autorise à poursuivre la révision des livres liturgiques. Il fait alors ôter des églises et des foyers les icônes qu'il considère mal interprétées. Pour réprimer l'opposition grandissante, il convoque en 1656 un nouveau concile, qui excommunie les réfractaires à ses réformes.

Bien qu'elles n'altèrent que la forme extérieure de la religion, ces mesures suscitent aussitôt l'opposition : une grande partie du clergé moscovite refuse d'apprendre de nouvelles prières et de nouveaux rites, tandis que les fidèles sont profondément troublés par le mépris que Nikon affiche pour des pratiques qu'ils considèrent comme sacrées. Nikon tente par ailleurs d'imposer la suprématie de l'Église sur l'État, remettant en question le césaropapisme de la tradition byzantine.

Lorsque le tsar rentre à Moscou en 1658, ses relations avec le patriarche ont changé. Plus sûr de lui et soutenu par sa famille et les courtisans, il cesse de consulter Nikon, tout en évitant une rupture définitive. Ce dernier réagit lorsque plusieurs boyards, indignés de sa gestion autoritaire du pays en l'absence du tsar, l'insultent impunément et que le tsar manque deux services consécutifs assurés par Nikon. En juillet 1658, il annonce son entrée dans la congrégation de la cathédrale Uspensky dans l'enceinte du Kremlin, et peu après se retire au monastère Voskresensky.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire à l'université Harvard, auteur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

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  • AVVAKUM PETROVITCH (1620/21-1682)

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