NÎMES
À l'extrémité orientale du couloir languedocien, Nîmes, chef-lieu du Gard, garde la porte rhodanienne et assure la transition avec les villes provençales d'Arles et d'Avignon. Au milieu du xxe siècle, Nîmes a activement participé aux grands aménagements régionaux : la Compagnie du Bas-Rhône-Languedoc y installe son siège social, la chambre de commerce et d'industrie lance la station de Port-Camargue.
La ville a conquis les garrigues dont les lignes de crête marquent l'horizon au nord. La « terre des pauvres », rocailleuse et difficile d'accès, terre des masets, cabanons rudimentaires, un brin fantaisistes, du petit peuple de l'agriculture et des ouvriers de l'industrie textile, a laissé place à un espace résidentiel pour citadins fortunés. Depuis le début des années 1960, à l'ouest, les immeubles de la zone à urbaniser en priorité (Z.U.P.) se dressent au-dessus de la plaine du Vistre. Celle-ci recueille l'eau des cadereaux (ruisseaux descendant des garrigues), les grandes infrastructures modernes (chemin de fer, route et autoroute), les ensembles résidentiels, l'habitat pavillonnaire et les grands équipements urbains, ce qui explique, en partie, la gravité des inondations de 1988.
Capitale des Volques Arécomiques liée aux colonies grecques et phéniciennes, Nîmes est née près de la source sacrée de la Fontaine (Nemausus pour les Romains). Important relais de Rome sur la Via Domitia, l'antique Nemausus est tête de pont vers la Narbonnaise, vers les territoires des Allobroges par la vallée du Rhône et ceux des Arvernes à travers les contreforts cévenols. Cité impériale de droit latin, elle frappe monnaie et jouit des faveurs d'Auguste qui la dote, vers 15 avant J.-C., d'une vaste enceinte de 7 kilomètres de longueur, dont les portes d'Auguste et de France sont bien conservées. La Maison carrée, dédiée au culte impérial, participe aux embellissements de la ville. L'amphithéâtre des Arènes, réalisé vers la fin du ier siècle, est un des mieux conservé du monde romain. Le Castellum, unique en son genre, répartit dans la ville les eaux acheminées depuis la source de l'Eure près d'Uzès par un système de canaux, tunnels et ponts dont l'aqueduc du pont du Gard reste le chef-d'œuvre. Au pied de la tour Magne, longtemps énigmatique (tour défensive protohistorique dominant le sanctuaire de Nemausus, enveloppée d'une tour romaine octogonale), l'Augusteum des jardins de la Fontaine constitue un ensemble cultuel de première importance. Les vestiges de l'urbanisme impérial ne sont, nulle part ailleurs en France, aussi bien conservés et aussi expressifs du rayonnement d'une cité. Preuve de la romanisation des habitants, l'empereur Antonin (iie s.) est d'origine nîmoise.
À partir du milieu du iie siècle, les invasions successives provoquent un repli de la ville sur son amphithéâtre fortifié, défendu par les « chevaliers des arènes » et siège du pouvoir vicomtal, et dans le quartier de la cathédrale lui aussi fortifié. Établi en 1198, le consulat se fixera dans la Maison carrée, appelée Capitole, et gérera la ville jusqu'à la Révolution. Les vicomtes de Nîmes, dépendant du comte de Toulouse, établissent leur pouvoir jusqu'à l'Albigeois, avant de céder au roi de France en 1226. Le pouvoir royal se fixe en ville, les couvents s'installent hors les murs.
Très tôt acquise aux idées de la Réforme, Nîmes devient une place forte protestante. Son histoire est ponctuée de violences, massacres, soulèvements et destructions, du milieu du xvie siècle à la paix d'Alès, en 1629. La révocation de l'édit de Nantes en 1685 et la guerre des camisards compromettent la reprise économique. Au début du xviiie siècle, la bourgeoisie protestante, éloignée des charges civiles et militaires, s'ouvre[...]
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Écrit par
- Jean-Paul VOLLE : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
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