MANFREDI NINO (1921-2004)
Acteur italien. Doté d'une formation classique, Saturnino Manfredi fait d'abord ses classes à l'Académie d'art dramatique de Rome sous la direction d'Orazio Costa. Il entre en 1947 dans la compagnie de Vittorio Gassman et Evi Maltagliati avant d'être engagé au Piccolo Teatro de Milan où il joue dans Richard II, La Tempête, Roméo et Juliette, sous la direction de Giorgio Strehler. Sa vraie nature le porte vers la comédie et la revue : Rugantino, par exemple, triomphe de 1962 à 1964 sur toutes les scènes italiennes, ainsi qu'à Toronto, New York, Buenos Aires. Manfredi ne connaît pas au cinéma le même succès, même s'il tourne dans de nombreux films à partir de 1949. Au long des années 1950, il est surtout un faire-valoir dans des films de second plan. En 1958 encore, lorsque Dino Risi le dirige dans Venise, la lune et toi, Alberto Sordi lui vole la vedette. Et lorsque Nanni Loy lui offre un rôle, c'est pour un remake du Pigeon (Hold-up à la milanaise, 1959). Son personnage de pauvre diable ballotté par la vie s'épanouit ensuite dans des films de Gianni Puccini (L'Employé, 1959), Luigi Comencini (À cheval sur le tigre, 1961), Carlo Lizzani (Il carabiniere a cavallo, id.), Luigi Zampa (Les Années rugissantes, 1962), films dans lesquels il balance entre le comique et le dramatique, un trait d'interprétation qui traverse toute sa carrière.
On comprend que dès cette période, Nino Manfredi ait été tenté de passer à la réalisation pour acquérir une autonomie que le travail d'acteur ne lui offrait pas. En 1962, L'Amore difficile, un film à sketches signé par quatre metteurs en scène, lui donne l'occasion de faire ses classes avec l'épisode L'Avventura di un soldato, d'après une nouvelle d'Italo Calvino. Cette histoire sans paroles sur l'attirance sexuelle démontre son génie de la mimique. Pendant les années 1960, il continue à enchaîner les rôles sans relief : au milieu d'une filmographie abondante, on peut relever Le Bourreau tourné en Espagne sous la direction de Luis Garcia Berlanga (1963), Opération San Gennaro (1966), Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (1968), Une Poule, un train et quelques monstres (1969) de Dino Risi, Jeux d'adultes (1967) de Nanni Loy, Les Conspirateure de Luigi Magni.
Nino Manfredi se lance en 1970 dans une entreprise ambitieuse en se dirigeant lui-même dans Miracle à l'italienne. « J'ai été élevé dans un pays catholique, explique-t-il, et j'ai reçu une éducation catholique que j'ai ressentie un jour comme erronée et que je ne voulais pas donner à mes enfants. Face à cette crise religieuse, j'ai pensé apporter une réponse autobiographique à travers un film. » Très bien accueilli au festival de Cannes, Miracle à l'italienne est une œuvre courageuse qui affronte le problème de la superstition et de la capacité de l'individu à vivre librement hors des enfermements sécrétés par la religion.
Mieux reconnu pour ses véritables qualités, Manfredi devient un des acteurs emblématiques de la comédie « à l'italienne » sous la direction de Comencini, Loy, Monicelli, Risi, Scola, Zampa. Il participe à l'écriture de certains scénarios des films dans lesquels il joue et connaît de grands succès au cours des années 1970, même si l'on peut regretter qu'il n'ait pas persévéré dans la mise en scène. Ainsi, il est un tonitruant Ruzzante dans La Betía de Gianfranco De Bosio, un mémorable Geppetto dans Les Aventures de Pinocchio (1972) de Luigi Comencini, un innocent faussement accusé par la police fasciste dans Girolimoni il mostro di Roma (id.) de Damiano Damiani, un émigrant rejeté par la Suisse dans Pain et chocolat (1974) de Franco Brusati, un militant communiste toujours vaincu et toujours debout dans Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola[...]
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
Classification
Autres références
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COMÉDIE ITALIENNE, cinéma
- Écrit par Jean A. GILI et Gérard LEGRAND
- 3 496 mots
- 3 médias
...Leurs types ont été décrits par Dino Risi et d'autres réalisateurs. Mais par-delà leurs différences d'origine, les « cinq grands » (Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Marcello Mastroianni, Alberto Sordi et Ugo Tognazzi) incarnent chacun un aspect, voire plusieurs, de l'Italien. Rien de moins abstrait...