NINSEI NONOMURA (mil. XVIIe s.)
Potier japonais, Ninsei est originaire du village de Nonomura, près de Tamba. Il établit, vers 1650, son four à Omurō, près du Ninnaji, dans les environs de Kyōto, sous la protection de l'abbé du monastère et du grand maître du thé Kanamori Shōan. En 1657, prenant la tonsure, il adopta le nom de Ninsei. C'est ce même nom qu'à l'aide d'un cachet il imprima sur les bases de ses céramiques. Celles-ci semblent avoir été surtout destinées à la cérémonie du thé. Éclectique, il s'inspira des pièces produites dans les ateliers de Seto et de Shigaraki, dont il utilisa la terre, des vernis de Raku et de certaines formes chinoises ; mais, en dépit de ces emprunts, il créa un art très personnel et se signala par sa maîtrise dans le maniement du tour. Ses jarres à thé (chatsubo) sont remarquables par l'élégance de la forme, la minceur des parois et par l'emploi sur le corps en poterie de nombreux émaux colorés rehaussés d'or et d'argent. Ces jarres servent ainsi de support à un décor peint qui s'inspire tour à tour du style Kanō ou de celui des Tosa, ainsi que des techniques ornementales des maîtres du laque de son temps. Il est possible que Ninsei se soit adressé à des peintres et à des laqueurs pour réaliser ces décors. On connaît de lui des pièces moins ornées : cha.ire (petit pot pour la poudre de thé) s'inspirant des Seto bruns ou jarres imitant celles de Shigaraki. Sa fantaisie s'exprime dans des boîtes à encens en forme de coquillage, d'écritoire, pour lesquelles il se révèle bon modeleur et mouleur. Ses deux brûle-parfums en forme de paon mâle et femelle sont remarquables de virtuosité.
L'art de Ninsei est une synthèse du style ornemental du début de l'époque Edo, époque où Kyōto restait fidèle aux formules élaborées à la fin du xvie siècle. Il semble que ses fils aient continué à œuvrer dans son atelier et à utiliser son cachet. L'un d'eux transmit à Kenzan les secrets des émaux de son père. Ninsei est considéré comme le fondateur des Kyōyaki (céramiques de Kyōto), qui devaient connaître un grand essor aux xviiie et xixe siècles et dont les représentants les plus fameux furent Mokubei, Dōhachi et Hōzen.
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Écrit par
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Autres références
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JAPON (Arts et culture) - Les arts
- Écrit par François BERTHIER , François CHASLIN , Encyclopædia Universalis , Nicolas FIÉVÉ , Anne GOSSOT , Chantal KOZYREFF , Hervé LE GOFF , Françoise LEVAILLANT , Daisy LION-GOLDSCHMIDT , Shiori NAKAMA et Madeleine PAUL-DAVID
- 56 170 mots
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- Écrit par Madeleine PAUL-DAVID
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