NIẒĀMĪ ou NEZAMÉ DE GANDJE (1140 env.-env. 1202)
Une œuvre originale
L'œuvre principale de Niẓāmī se compose de cinq grands poèmes (masnavi) comptant quelque trente mille distiques. Le premier, le Trésor des mystères (Makhzan al-asrār), est un poème didactique d'inspiration mystique où l'auteur expose, entremêlées d'anecdotes, ses idées morales ; les quatre autres sont des épopées romanesques. Khosrow et Shīrīn conte la vie et les amours du roi sāsānide Khosrow Parvīz ; il en faut chercher l'origine dans une vieille légende persane dont le thème avait été partiellement traité sous des titres différents, par Firdūsī dans son Shāh-nāmé et par un autre poète vers le milieu du xie siècle. Une analyse très fine des sentiments distingue ce roman des autres ouvrages de Niẓāmī et lui confère une valeur exceptionnelle. Layli et Madjnūn, que l'on peut considérer, quant au fond, comme le Roméo et Juliette de la littérature persane, est dépourvu de tout élément héroïque ; inspiré d'une légende arabe, c'est le récit d'un amour malheureux qui aboutit à la mort du jeune Madjnūn (le « fou d'amour ») et de sa bien-aimée. Avec les Sept Idoles (Haft Paykar), le lecteur se trouve transporté dans un monde merveilleux, fait de tous les fantasmes de l'imaginaire et de décors féeriques, semblables aux visions du rêve. L'intérêt essentiel de ce livre réside dans les sept nouvelles racontées au roi sāsānide Bahrām V, sur un ton digne des contes des Mille et Une Nuits, par les sept favorites du souverain, princesses originaires de sept climats. Compte tenu des qualités de ce roman (action variée, habile narration), certains critiques le tiennent pour un chef-d'œuvre de la poésie romanesque en Asie. Dans le Livre d'Alexandre (Iskandar nāmé), le roi de Macédoine est présenté sous le double aspect du héros qui ne cesse d'étonner par ses exploits et ses aventures légendaires ; et du sage, du prophète qui, au cours de longs voyages, discute savamment avec plusieurs philosophes. Grâce à divers développements d'ordres scientifique, moral et philosophique, ce livre offre un excellent panorama de la pensée iranienne du xiie siècle.
Niẓāmī est également l'auteur d'un Dīwān comprenant, selon certains historiens de la littérature persane, au moins vingt mille distiques de ghazal et de qaṣīda. La plus grande partie de ce recueil étant perdue, le poète ne doit sa renommée qu'à son œuvre romanesque, ses cinq masnavi, réunis après sa mort sous le titre unique de Khamsé (« l'ensemble de cinq poèmes »).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Mohammad Hassan REZVANIAN : docteur d'État ès lettres, professeur de littérature comparée aux universités de Téhéran, traducteur-expert auprès de la cour d'appel de Paris
Classification
Autres références
-
LAYLI ET MADJNŪN, Nizami de Gandje - Fiche de lecture
- Écrit par Marina GAILLARD
- 940 mots
Laylī et Madjnūnest le troisième des cinq poèmes du poète persan Nizāmī (1141 env.-env. 1209) dont l'ensemble, réuni postérieurement à la mort de l'auteur, est connu sous le nom de Pandj gandj (Les Cinq Trésors) ou Khamsé (« cinq »). Il s'agit d'un masnavi, forme...
-
MADJNŪN (VIIe-VIIIe s.)
- Écrit par Sayed Attia ABUL NAGA
- 416 mots
Personnage semi-légendaire, surnommé le Madjnūn parce qu'il devient « fou » d'amour, Qays b. Mulawwaḥ appartient à la tribu de Banū ‘Amīr. Il est le type du poète ‘uḏrî qui meurt à cause de son amour malheureux, d'où sa célébrité dans le monde islamique. Son histoire est simple : il aime une...
-
NOUVELLE
- Écrit par ETIEMBLE et Antonia FONYI
- 5 148 mots
...sont insérées dans une fiction (la peste de Florence, par exemple) qui justifie leur rassemblement. Soit ; mais dès la fin du xiie siècle, en Perse, Nịzamī de Gandje (1140 env.-1202 env.) écrit son Haft Païkar (Les Sept Idoles), recueil de sept histoires, encadrées comme celles de Boccace : sept...