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BERNARD NOËL (1874-1911)

Botaniste français. Né à Paris, Noël Bernard a consacré sa très brève existence à l'étude des phénomènes de symbiose entre les orchidées et les micro-organismes endotrophes.

Il démontra que la germination des graines des orchidées ne pouvait avoir lieu qu'à la suite de l'infestation de leurs tissus par des symbiotes spécifiques de cette famille (ceux-ci sont considérés actuellement comme des basidiomycètes dégradés par la vie parasitaire qu'ils mènent au sein des tissus de leur hôte). Sans cette infestation, en culture sur milieu stérile par exemple, la germination des graines d'orchidées est impossible (Recherches expérimentales sur les orchidées, 1904).

Étudiant l'infestation des racines des orchidées par les symbiotes, Noël Bernard observait que la vigueur de la plante contaminée était accrue et sa multiplication végétative facilitée. En effet, il constatait des modifications cytologiques dans les tissus envahis par le microbe : transformation des structures du noyau et hypertrophie des cellules. Cela expliquait la tubérisation fréquente du système radiculaire des orchidées.

Partant de ses Études sur la tubérisation (1901), Bernard défend en 1909 l'idée que le phénomène de tubérisation symbiotique est non seulement très général chez les plantes à fleurs — modifiant les relations entre leur reproduction sexuée, donc la formation des graines, et leur multiplication végétative —, mais aussi d'importance considérable dans l'évolution végétale proprement dite. Deux ans avant sa mort, il défendait cette seconde thèse dans un ouvrage intitulé Évolution dans la symbiose (1909).

Son maître J. Costantin et son cousin J. Magrou, auteur d'un livre singulier, intitulé Des orchidées à la pomme de terre (1943), devaient reprendre et développer les idées de Noël Bernard, avec des arguments intéressants. Ces hypothèses ont retrouvé une actualité certaine depuis la découverte de nombreux autres faits de symbiose, notamment chez les thallophytes et même chez les protistes. Certains auteurs n'hésitent pas à reconnaître la qualité de symbiote aux organites normalement contenus dans le cytoplasme des eucaryotes, mais dont la composition, la structure et le rôle biochimique ne sont pas sans rappeler ceux des bactéries : les plastes et les mitochondries seraient ainsi des symbiotes obligatoires.

— Didier LAVERGNE

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