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LVOVSKY NOÉMIE (1964- )

Appréciée des cinéphiles en tant qu 'interprète de personnages de composition dans des films d'auteurs des années 2000, Noémie Lvovsky a été nommée cinq fois pour le césar de la meilleure actrice d'un second rôle dans Ma femme est une actrice (Y. Attal, 2002), Backstage (E. Bercot, 2006), Actrices (V. Bruni-Tedeschi, 2008), Les Beaux Gosses (R. Sattouf, 2010) et L'Apollonide (B. Bonello, 2011). Camille redouble (2012), son cinquième long-métrage en tant que réalisatrice, vient fort à propos rappeler qu'elle est avant tout une des meilleures cinéastes de la génération 1990. Le film lui a valu cette fois d’être nommée au césar 2013 du meilleur film, de la meilleure réalisatrice, de la meilleure actrice et du meilleur scénario.

Née en 1964 à Paris, doublement licenciée en lettres et en audiovisuel (1982-1986), Noémie Lvovsky intègre la première promotion de la Femis ouverte en 1986. Rapidement, elle rejoint le réseau de jeunes apprentis-metteurs en scène qui gravitent autour d'Arnaud Desplechin, participant à l'écriture et au casting de ses deux premiers films, La Vie des morts et La Sentinelle (1991 et 1992). Elle collabore aussi avec Philippe Garrel, Yolande Zauberman, et plus tard avec Valeria Bruni-Tedeschi pour sa première réalisation.

Dérives et ruptures

L'œuvre entière de Noémie Lvovsky joue sur la vitesse, les ruptures, le chaos mental, la dérive, quand tout se bouscule et se rompt. Elle privilégie le ton loufoque ou dramatique selon les films, voire les mêle d'une séquence à l'autre. Après Dis-moi oui, dis-moi non (1989), un piquant court-métrage, Oublie-moi (1995), son premier long-métrage, décrit le désarroi d'une trentenaire (interprétée par Valeria Bruni-Tedeschi) qui s'effondre, sans travail ni maison, submergée par le mal-être et la demande d'amour. À l'inverse de ce désastre, Petites (un téléfilm diffusé sur Arte, 1998) puis La vie ne me fait pas peur (1999), qui s'emboîtent l'un dans l'autre plus qu'ils ne se succèdent, plongent avec énergie dans les années 1970 à la poursuite haletante de quatre gamines « speedées » de 12-13 ans, que l'on retrouve adolescentes quatre ans plus tard, à l'entrée de l'âge adulte. Tour à tour dure et généreuse, la caméra ne quitte pas le corps des prodigieuses jeunes interprètes affrontant avec fougue craintes et espoirs, dynamisées par une rage de vivre qui fait plaisir à voir. Dans Les Sentiments (2003), le cadre harmonieux tout droit sorti de la revue Maisons et jardins est ravagé par l'improbable passion de la jeune « fofolle » (Isabelle Carré) et du vieux bougon (Jean-Pierre Bacri). Mais ce qui pourrait n'être que du théâtre de boulevard tourne vite au drame truffaldien. Quant à Jean-Pierre Marielle, il repousse la mort par un marivaudage à la Fred Astaire, en remontrant par sa vitalité à Sarah (Valeria Bruni-Tedeschi), sa fille qui a du mal à se faire à l'idée d'être mère (Faut que ça danse, 2007).

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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