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NOM

L'analyse grammaticale distinguait les noms communs et les noms propres. Les premiers correspondent, selon l'analyse logique classique, aux termes généraux qui se disent de plusieurs, et les seconds aux termes singuliers qui ne se disent que d'un seul. Si la problématique des noms communs se résorbe aujourd'hui pour nous dans celle des prédicats (encore que, pour Kripke, les noms communs d'espèces naturelles soient plutôt proches des noms propres), l'appellation et la problématique des noms propres ont survécu. Cette survivance est philosophiquement significative. On pourrait croire que le concept de nom est facile à définir, ou que nommer est une activité simple. Mais nous savons, au moins depuis Wittgenstein, qu'un langage n'est pas moins complexe qu'un organisme et que la belle simplicité première se révèle extrêmement intriquée à l'analyse.

On donnera pourtant une première définition : le nom propre est cette partie du discours qui sert à désigner un individu, à l'interpeller, à faire référence à lui, à l'identifier, bref à le « nommer ». Il est considéré comme le corrélat singulier d'une entité individuelle.

Le concept de nom propre entre dans une problématique philosophique : comment assure-t-on une référence singulière dans une problématique anthropologique ? C'est la question des noms de personnes, règles de nomination et croyances entretenues quant aux rapports entre la personne et le nom. Dans une problématique logico-linguistique, c'est la question controversée du caractère signifiant ou non signifiant du nom propre. Enfin, si le Nom divin a une telle importance dans le langage religieux, c'est qu'il est, plus fortement que pour tout autre être, le représentant de son porteur. D'où le caractère particulier de la problématique théologique.

Les trois axes de la nomination :    allocution, délocution, classification

Le nom et ses usages

Qu'est-ce que nommer ? Transitivement, c'est l'acte de conférer un nom, de « baptiser », qu'il s'agisse d'un être humain, d'un animal, d'un navire, ou d'une variété de roses. Cet acte, qui est de portée performative, s'effectue selon des règles. Il n'est réussi ou acquis que si les conventions sont respectées : qui a autorité pour donner le nom, quel type de nom est conforme à la coutume ? Ultérieurement, nommer sera informer quelqu'un du nom d'une personne ou d'une chose en réponse à l'une ou à l'autre de ces deux questions interchangeables : qui est ce monsieur ? Quel est le nom de ce monsieur ? Nommer revient encore à désigner sélectivement dans un groupe tels individus répondant à une description : « les meilleurs élèves de la classe » ; la nomination a alors une valeur déictique.

De nommer se distingue faire usage d'un nom. On peut faire usage d'un nom allocutivement ou délocutivement. Allocutivement, c'est-à-dire comme terme d'adresse, soit pour appeler (pour faire venir quelqu'un ou pour l'avertir qu'on va lui adresser la parole : c'est l'adombration). Soit pour invoquer, soit pour saluer. Soit pour intimer (convoquer un être à l'essentiel de sa vocation et de son intimité, afin de lui ordonner quelque chose ou de le lui interdire), pour saluer, pour exprimer l'affection ou l'amour : nomination incantatoire. Délocutivement, c'est-à-dire comme terme de référence, pour parler de quelqu'un à quelqu'un, pour « assurer la référence entre deux interlocuteurs comme une coréférence » (F. Jacques).

Le nom et l'identification

Les distinctions précédentes permettent de préciser ce que l'on veut dire quand on dit que le nom a fonction d'identification. Il y a une première forme d'identification, celle que l'individu[...]

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

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