NOMBRES
L'idée intuitive de nombre doit remonter à l'émergence même de la pensée et il est impossible de savoir quel hominidé, et quand, a commencé à compter (ses doigts, les personnes de son groupe, des animaux, les jours...), ou au moins à distinguer un de deux ou de plusieurs.
Les nombres interviennent dans la plupart des activités humaines, des langages qu'ils imprègnent aux calculs qui les utilisent, en passant par le commerce, les rites, etc.
Idée commune de nombre
Un nombre est quelque chose d'abstrait qui permet de dire s'il y a beaucoup, ou un peu, ou pas du tout, de quelque chose, et combien ; donc qui sert à compter, ce qui va, souvent implicitement, avec classer. Si, par exemple, on voit autant de tulipes qu'une main humaine a de doigts, on dira qu'il y a cinq tulipes et cinq doigts, mais on n'additionnera pas les tulipes et les doigts. En revanche, cinq tulipes et cinq roses font dix fleurs. Un nombre, employé ainsi devant un substantif, est grammaticalement un adjectif numéral cardinal : il exprime combien il y a d'entités désignées par ce substantif. Employé seul, un nombre est un substantif et désigne quelque chose de plus abstrait : « cinq » est un nombre, une idée abstraite de toute détermination particulière. Pour des objets divisibles, on utilise aussi des nombres « avec virgule » : 2,57 litres d'eau.
L'idée de nombre est profondément ancrée dans la structure des diverses langues naturelles. Le nombre est une catégorie grammaticale caractérisée par la quantité désignée par un mot. Le français moderne distingue singulier et pluriel (pour une quantité égale ou supérieure à deux : deux litres, mais 1,99 litre est un singulier). Le duel, désignant simultanément deux entités, existe dans des langues comme le grec ancien et le sanskrit, ou bien subsiste pour quelques mots dans certaines langues, comme le breton[lagad, « œil » (singulier) ; an daoulagad, « les deux yeux » (duel) ; lagadoù, « des yeux » (pluriel) ; daoulagadoù, « des paires d'yeux » (pluriel d'un duel)]. En Australie, certaines langues des Aborigènes distinguent en outre un triel, qui s'applique à trois entités. Ces nombres peuvent concerner les substantifs, les adjectifs, les verbes ou d'autres catégories de mots.
L'étude de la symbolique des nombres, des représentations et des rites que les peuples du monde leur ont attachés, est un domaine immense, qui touche à diverses disciplines : ethnologie, folklore, psychologie, etc. Une même symbolique peut être présente chez des peuples géographiquement éloignés. Ainsi, « la forteresse aux neuf portes » désigne, dans la Bhagavadgītā, illustre poème sanskrit fragment du Mahābhārata, le corps humain (avec ses neuf ouvertures : les deux yeux, les deux oreilles, les deux narines, la bouche, l'orifice sexuel et l'anus), et les Ful'be (plus connus sous le nom de Peul) d'Afrique de l'Ouest parlent aussi des « sept ouvertures » de la tête, des « neuf ouvertures » du corps humain et des « onze ouvertures » de la femme allaitante.
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Écrit par
- Jean-Marie PRUVOST-BEAURAIN : diplômé en sciences de l'éducation, mathématique, économie, philosophie, ethnologie et bibliothéconomie
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