NORD-PAS-DE-CALAIS
Toutes les régions françaises créées dans les années 1960-1970 pour rééquilibrer le territoire entre la province et Paris tirent leur nom de l'histoire ou de la géographie, sauf celle du Nord - Pas-de-Calais, désignée par le simple accolement des noms de deux départements. Ce n'est pas un déficit d'identité qui en est la cause, mais la difficulté à dénommer ce territoire. Aucun grand cours d'eau ne le traverse, aucun trait du relief ne s'y impose, sinon la faiblesse des altitudes. Né de l'assemblage de conquêtes composites et tardives des rois de France sur les anciens Pays-Bas, il ne peut non plus emprunter le nom d'une ancienne province. La région fusionne avec la Picardie dans le cadre de la réforme territoriale qui prend effet le 1er janvier 2016. La nouvelle entité prend, en septembre 2016, le nom Hauts-de-France.
Bien que ne couvrant que 12 414 kilomètres carrés, soit 2,3 p. 100 du territoire métropolitain, la région Nord-Pas-de-Calais était peuplée, en 2012, de 4,05 millions d'habitants, et se classait aux tout premiers rangs pour la contribution à la vie économique nationale. L'étalement de hautes densités de peuplement et d'activités (326 habitants au kilomètre carré en moyenne, 447 dans le seul département du Nord) et l'humanisation omniprésente du paysage, qui n'ont de correspondance qu'au nord de la frontière, au Benelux ou en Rhénanie-Westphalie, lui confèrent l'unité que lui refusent les données naturelles.
Terre frontière, concentrant le plus grand nombre de champs de bataille de l'histoire de France, la région fut longtemps un glacis militaire quelque peu délaissé, hormis pour son charbon et son acier. Elle cherche à tirer atout de sa position de contact avec le Benelux et le Royaume-Uni, amplifiée par le tunnel sous la Manche et le carrefour T.G.V. international de Lille (Paris, Londres, Bruxelles).
L'espace naturel
Ici domine un paysage naturel tout en douceur, tout en nuances, qu'animent de grands ciels tourmentés. On les dit trop gris, mais, souvent, la gamme infinie des jeux de lumière, qui ont inspiré tant de peintres, y illumine les nuages. Certes, le relief peut paraître bien plat à celui qui vient de contrées montagneuses, mais il n'est nulle part uniforme. Même la plaine flamande, ce « plat pays » chanté par Brel, entre la vallée de la Scarpe et la mer du Nord, est une mosaïque de petits pays bien individualisés : petits dômes crayeux d'Ostrevent, du Mélantois ou du Weppes élevés au-dessus des vallées ou dépressions alluviales humides (Escaut, Scarpe, Lys...), parfois marécageuses (marais de Saint-Omer, de la Sensée...) ; plaine argileuse de Flandre intérieure (entre 20 et 50 m d'altitude) coupée par l'alignement des monts de Flandre, qui culminent vers 160 mètres ; plaine maritime poldérisée, localement au-dessous du niveau moyen de la mer...
Au sud et à l'ouest, le rebord de l'Artois, un talus continu de faible dénivelé – mais un des enjeux stratégiques les plus meurtriers de la Première Guerre mondiale – sépare la plaine de ce qu'il est convenu d'appeler un haut pays, bien qu'il ne dépasse jamais 190 mètres. Tantôt tabulaire, tantôt réduit en collines par le réseau des petits fleuves côtiers et de leurs affluents, le plateau artésien s'abaisse au centre de la région dans le seuil du Cambrésis, plateau surbaissé par où passent depuis l'Antiquité tous les axes de circulation entre le bassin parisien et l'Europe du Nord-Ouest. Son relief se relève et se complexifie à l'ouest où, réduit à un V encadrant la dépression humide du Boulonnais, il s'interrompt brutalement au-dessus de la mer par des falaises abruptes, dont les célèbres caps Gris-Nez et Blanc-Nez. À l'est du seuil du Cambrésis, dans l'Avesnois, les altitudes s'élèvent (251 m au point culminant[...]
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
Classification
Médias
Autres références
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HAUTS-de-FRANCE, région administrative
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