NORD-PAS-DE-CALAIS
Paysages ruraux et paysages urbains
Située au contact des grandes concentrations humaines de l'Europe du Nord-Ouest et des faibles densités picardes, la région se partage entre de larges aires urbaines et périurbaines, couvrant un peu plus de la moitié de sa superficie, et notamment tout l'espace central et presque tout l'espace littoral, et des zones demeurées rurales : 30 hab./km2 dans le canton d'Hucqueliers, le moins peuplé de la région, mais 75 pour l'ensemble des communes rurales de la région (plus que la densité totale de la moitié des départements français). Cependant, bien que la ruralité ne soit profonde qu'au sud d'une ligne Boulogne-Cambrai-Maubeuge, elle s'insinue encore largement entre les espaces bâtis des nébuleuses urbaines.
La diversité paysagère provient de la rencontre de deux grandes civilisations agraires : au sud, celle de l'openfield, à champs ouverts et à habitat groupé, caractéristique des campagnes de l'Europe médiane, de la Manche à l'Oural ; au nord, celle des pays de la mer du Nord, à blocs de culture cloisonnés par des fossés, haies ou des rideaux d'arbres et à habitat dispersé ; dans la zone de contact, ces traits s'interpénètrent, notamment dans les zones vallonnées. L'embocagement des parcelles par des haies vives et la prédominance des herbages permanents donnent une tonalité particulière aux deux extrémités de la région, en Boulonnais et en Thiérache. Nulle part, on ne trouve traces de déprise ; le monde rural a conservé une grande vitalité grâce à la proximité des villes et à l'importance traditionnelle des activités non agricoles, malgré quelques menaces de dépeuplement et de vieillissement dans les campagnes les plus éloignées des grandes agglomérations.
L'aire urbaine centrale pèse très lourd, avec l'agglomération millionnaire de Lille-Métropole, les trois agglomérations minières de Béthune (368 600 hab. dans l’aire urbaine en 2012), Douai-Lens (540 900 hab.) et Valenciennes (367 000 hab.), les agglomérations d'Arras (129 000 hab.) et de Cambrai (66 400 hab.) et quelques agglomérations secondaires comme Armentières, Hazebrouck, Saint-Amand-les-Eaux, etc. Elle rassemble plus de la moitié de la population de la région et, avec ses couronnes périurbaines imbriquées, couvre le tiers de la superficie de la région. Le deuxième grand ensemble urbanisé (475 000 hab. en 2012) est le triangle formé par les agglomérations de Calais, Dunkerque et Saint-Omer ; puis viennent les aires urbaines de la côte d'Opale avec Boulogne-sur-Mer (133 000 hab.), Étaples-Le Touquet et Berck et de la Sambre avec Maubeuge (129 900 hab.) et Aulnoye-Aymeries. Plus de la moitié des communes de la région sont classées urbaines (550) ou périurbaines (300 environ), mais la plus peuplée, Lille, ne comptait que 235 000 habitants en 2012, cinq autres seulement de 50 000 à 100 000 habitants. C'est dire à quel point la masse urbaine (3,5 millions d'habitants) est étalée plutôt que concentrée, selon le modèle du Benelux.
Combien est outrancière l'image du conglomérat industriel – amalgame de cités ouvrières ou de corons, sans grâce ni agrément, bâtis autour des usines ou des puits de mine – invariablement plaquée sur les villes du Nord ! Certes, une poussée désordonnée des usines et des logements populaires, pendant la révolution industrielle au xixe et au début du xxe siècle, a malmené le cadre préexistant. Elle fut plus ou moins contenue dans les quartiers périphériques ou les banlieues des vieilles villes bourgeoises, mais elle submergea des villes antérieurement de moindre importance, comme Roubaix, et donna naissance à l'énorme nébuleuse du bassin houiller, répétant les mêmes formes urbaines sur 150 kilomètres. La morphologie des centres des villes anciennes, en revanche, s'apparente[...]
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
Classification
Médias
Autres références
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