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NORD-PAS-DE-CALAIS

Le difficile passage d'une économie de labeur à une économie post-moderne

Industrielle, la région l'est restée (quatrième rang national), mais après un gigantesque renouvellement et une profonde modernisation. L'appareil de production apparaît aujourd'hui beaucoup plus concentré autour des grands pôles urbains (Lille, Dunkerque-Calais, Valenciennes) que diffus sur des bassins comme naguère. L'extraction charbonnière (près de 200 000 emplois à son apogée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) a totalement disparu au cours des années 1980. La production énergétique demeure néanmoins importante, grâce à la centrale de Gravelines (9 p. 100 de la production nucléaire française en 2015). Le textile – qui fut longtemps le premier employeur de la région – vient désormais, avec 11 000 salariés (en 2012), loin derrière les industries mécaniques et automobiles (Française de mécanique à Douvrin, Renault à Douai, Toyota à Valenciennes...) qui en emploient 45 000, et continue à reculer. La métallurgie (avec la première usine sidérurgique de France, à Dunkerque) et surtout l'agroalimentaire (35 000 salariés en 2012) ont mieux conservé leurs positions. La verrerie et la chimie, les caoutchoucs et plastiques représentent également un poids supérieur à celui de la région dans l'industrie française. Cette prééminence de quelques branches cache un peu le fait que la plupart des autres branches sont bien représentées, y compris les secteurs de pointe comme la pharmacie et l'électronique. Mais, globalement, la spécificité industrielle du Nord – Pas-de-Calais a presque disparu : 7 p. 100 des emplois industriels nationaux (6,4 si on inclut la construction), soit un peu plus seulement que la part de la région dans l'emploi national total (6 p. 100).

Le Nord – Pas-de-Calais est aussi une grande région agricole, avec des rendements supérieurs à la moyenne nationale. Il assure, sur moins de 2 p. 100 du territoire national et avec 2 p. 100 des emplois régionaux, la production de 7 p. 100 des céréales françaises, de 15 p. 100 des betteraves sucrières et fourragères, de 28 p. 100 des pommes de terre, de 19 p. 100 des légumes frais, de 5 p. 100 des fourrages et du maïs fourrager. Il convient d'y ajouter 5 p. 100 de la production de lait et de 3 à 4 p. 100 de la viande bovine ou porcine, des volailles et des œufs. La polyculture associée à l'élevage, sur des exploitations de taille moyenne (61 hectares en moyenne en 2010), prédomine encore. Cependant, le nombre d'exploitants diminue rapidement, et la concentration impose une plus grande spécialisation, comme partout en Europe. Bien que l'âge moyen des agriculteurs soit demeuré ici inférieur à la moyenne française, et malgré les possibilités de vente directe et de pluri-activité offerte par la proximité de gros marchés urbains, la succession des exploitants est mal assurée.

La montée du tertiaire est souvent décrite comme remarquable. Elle l'est en effet, si on regarde les chiffres bruts : 1 098 000 emplois en 2012, soit deux fois plus qu’en 1960 ; 291 000 pour le secteur secondaire, contre 700 000 en 1960. En 2012, le tertiaire représente 78 p. 100 des emplois et le secondaire (industrie et construction) 21 p. 100, des chiffres proches des moyennes nationales. La mutation paraît énorme ; et pourtant, seul le secteur commercial (avec des spécialisations, comme la vente par correspondance à Roubaix touchée cependant par la concurrence d’Internet) a été vraiment porteur, celui des transports, dont le conseil régional voudrait faire un des moteurs du renouveau économique, ne répond pas encore aux attentes. La progression du tertiaire provient moins de la réorientation des activités, conforme à l'évolution générale, que du comblement d'un gigantesque retard dans le domaine des services. L'alignement sur les moyennes nationales[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)

Classification

Médias

Nord-Pas-de-Calais : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nord-Pas-de-Calais : carte administrative avant réforme

Arras: la Grand-Place - crédits : Frans Sellies/ Moment/ gettty Images

Arras: la Grand-Place

Lille : la Grand-Place - crédits : Richard Klune/ Corbis/ Corbis Documentary/ Getty Images

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