NORMA (V. Bellini), en bref
Vincenzo Bellini aura réussi dans l'opéra italien ce que Carl Maria von Weber avait atteint pour l'opéra allemand : mettre en scène et en musique l'esprit romantique. Démarquée d'une tragédie française d'Alexandre Soumet, elle-même calquée sur l'histoire de l'infanticide Médée, Norma – tragedia lirica en deux actes sur un livret de Felice Romani, créée le 26 décembre 1831 à la Scala de Milan – présente pourtant des aspects néoclassiques, jusqu'à cet amour impossible entre une druidesse gauloise, Norma, et un proconsul romain, Pollione, qui constitue le nœud de l'intrigue. Mais la « forêt druidique, pleine d'ombre et de terreur » qui fascina Théophile Gautier, le cadre gothique de l'action et le chromatisme de la musique sont bien typiques du romantisme. Poursuivant la révolution opérée par Rossini dans le traitement des voix, Bellini offre aux sopranos ce qu'elles ne tarderont pas à élire comme « le rôle des rôles ». Lunaire, extatique, le personnage de Norma sollicite toute la palette expressive de la voix : assise sur un grave de mezzo-soprano, elle monte jusqu'à un registre aigu très agile, la continuité mélodique de ses cantilènes languides ne se comparant qu'à Chopin.
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Écrit par
- Christian MERLIN : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical
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