DELLO JOIO NORMAN (1913-2008)
Doyen des grands compositeurs américains qui se sont illustrés au cours de la seconde moitié du xxe siècle, Norman Dello Joio était le dernier survivant d'un courant assez traditionaliste formé par les grands maîtres européens. Contrairement à la majeure partie de ses contemporains, il n'a pas été le disciple de Nadia Boulanger à Paris mais fut surtout influencé par Paul Hindemith. L'essentiel de son œuvre puise son inspiration dans des sujets religieux.
Norman Dello Joio naît à New York, le 24 janvier 1913, dans une famille italo-américaine fixée aux États-Unis au début du xxe siècle ; son père, son grand-père et son arrière-grand-père étaient organistes, et leur véritable nom était à l'origine DeGioio. Norman étudie l'orgue et le piano dans sa famille et commence à remplacer son père à l'église Our Lady of Mount Carmel de Manhattan dès l'âge de douze ans. Il se perfectionne avec son parrain, Pietro Yon, organiste de la cathédrale Saint Patrick, et étudie le piano avec Gaston Déthier à l'Institute of Musical Art (1933-1938). À la même époque, il tient le piano dans plusieurs groupes de jazz new-yorkais. En 1939, il est admis à la Juilliard School of Music, où il étudie la composition avec Bernard Wagenaar. Il travaille ensuite avec Paul Hindemith au Berkshire Music Center de Tanglewood, puis à Yale University (1941-1943). Il est alors directeur musical du Dance Players Ballet à New York. Il compose ses premières œuvres, notamment un ballet, The Duke of Sacramento, et son Magnificat (1942), qui lui permettent d'obtenir deux bourses consécutives de la fondation Guggenheim (1944 et 1945). Il enseigne la composition au Sarah Lawrence College (Bronxville, État de New York, 1945-1950). Très vite, sa musique est jouée par les grands orchestres américains : en 1946, Fritz Reiner dirige sa Concert Music avec l'Orchestre symphonique de Pittsburgh, alors que George Szell dirige ses Ricercari, pour piano et orchestre, avec l'Orchestre philharmonique de New York, Dello Joio tenant lui-même la partie de piano. De cette époque datent le Concerto pour harpe (1947), Variations, Chaconne, and Finale, pour orchestre, créées par Bruno Walter à New York (1948), Diversion of Angels, ballet pour Martha Graham dont il tire la Sérénade, pour orchestre (1948), la Troisième Sonate pour piano (créée par Jorge Bolét en 1948), Concertato, pour clarinette et orchestre, pour le clarinettiste de jazz Artie Shaw, qu'il remanie pour clarinette et piano sous le titre Concertante (1949), New York Profiles (1949).
Mais la plupart de ses œuvres puisent leur inspiration dans l'univers religieux. Son premier opéra, The Triumph of St. Joan, est représenté en 1950 et donne lieu à une symphonie éponyme fondée sur le même matériel musical, The Triumph of St. Joan Symphony (1951) ; le même titre sera réutilisé pour un nouvel opéra, créé au New York City Opera, le 12 avril 1959. Entre-temps, toujours sur le thème de Jeanne d'Arc, il compose The Trial at Rouen, opéra créé sur la chaîne de télévision N.B.C. le 8 avril 1956. Il enseigne la composition au Mannes College of Music de New York (1956-1972) et écrit la musique d'une série télévisée, Air Power, qu'il adapte ensuite pour le concert (1956). Une nouvelle œuvre d'inspiration religieuse, Meditations on Ecclesiastes, lui vaut le prix Pulitzer en 1957. Le succès de cette œuvre donnera lieu à plusieurs chorégraphies sous différents titres, notamment There is a Time. De 1959 à 1973, il est président du Ford Foundation's Contemporary Music Project qui attribue des bourses à de jeunes compositeurs pour leur permettre de travailler pour des orchestres scolaires. Avec son opéra Blood Moon, créé à l'Opéra de San Francisco en 1961, il échappe à ses sujets favoris : le livret retrace la vie de l'actrice Adah Menken, qui exerçait ses[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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