NORVÈGE
Nom officiel | Royaume de Norvège (NO) |
Chef de l'État | Le roi Harald V (depuis le 17 janvier 1991) |
Chef du gouvernement | Jonas Gahr Støre (depuis le 14 octobre 2021) |
Capitale | Oslo |
Langues officielles | Norvégien (nynorsk et bokmål), same 1
|
Unité monétaire | Couronne norvégienne (NOK) |
Population (estim.) |
5 578 000 (2024) |
Superficie |
384 482 km²
|
La Norvège contemporaine
Les grands enjeux politiques et économiques
Toute la période de l'immédiat après-guerre a été dominée en Norvège par la personnalité hors pair du social-démocrate Einar Gerhardsen (1897-1987), Premier ministre pendant dix-sept ans au total. Son départ en 1965 marque la fin d'une époque : celle de la reconstruction du pays et du succès spectaculaire de l'État-providence. Le début de la décennie suivante a été marqué par deux événements qui, bien que de façon très différente, ont eu une importance décisive pour l'histoire de la Norvège contemporaine : le débat concernant l'adhésion à la Communauté européenne et l'entrée dans l'ère du pétrole.
La Norvège et la construction européenne
Ni le pouvoir politique, ni les décideurs économiques n'avaient manifesté un intérêt particulier pour le projet européen tel qu'il avait été défini par les traités de Rome, en 1957. Deux ans plus tard, la Norvège avait d'ailleurs préféré adhérer à l'Association européenne de libre-échange (AELE), créée par le Royaume-Uni pour faire concurrence au Marché commun. Lorsque ce dernier se ravisa et présenta sa candidature à l'entrée dans la CEE, la Norvège – comme le Danemark – emboîta le pas à son premier partenaire économique de l'époque. Lorsque le président Pompidou leva le veto français, en 1969, la problématique européenne se retrouva brusquement au centre de l'actualité et déclencha en Norvège le débat le plus virulent et le plus durable de tout le xxe siècle.
Une majorité très nette de députés se déclara favorable à l'adhésion, tout comme l'ensemble des responsables économiques. La classe politique était toutefois très partagée, les lignes de clivage créant souvent des factions opposées à l'intérieur des différentes formations, en particulier au sein du Parti travailliste. Dans le sillage des bouleversements idéologiques des années 1960, suivant une stratégie qui avait déjà fait ses preuves dans la lutte contre la guerre au Vietnam et l'armement nucléaire, un vaste mouvement d'opposition se créa alors en dehors du Parlement, le Mouvement populaire contre l'adhésion à la CEE en août 1970. Dans cette initiative de citoyens très hétérogène où toutes les opinions politiques, de l'extrême gauche aux mouvements les plus conservateurs, étaient représentées, un fort consensus s'établit autour de l'idée que la dynamique européenne menaçait les intérêts vitaux du pays, mettant en péril son identité même. Les défenseurs de l'adhésion se rassemblaient essentiellement autour d'arguments économiques. Le référendum organisé en octobre 1972 se solda par un résultat éloquent : 53,49 % des électeurs votèrent pour le non et 46,51 % pour le oui, avec un taux de participation élevé de 77,68 %. Le gouvernement du social-démocrate Trygve Bratteli, qui avait plaidé pour l'adhésion, dut démissionner. Une coalition minoritaire de trois partis « bourgeois » (Parti populaire chrétien, Parti du centre et Parti libéral), lui succéda. Elle ne se maintint toutefois qu'un an au pouvoir.
Le débat sur l'adhésion à la CEE a laissé des traces profondes dans l'histoire politique norvégienne. Les gouvernements successifs, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont souvent prudemment évité de relancer la discussion. Une deuxième consultation fut néanmoins organisée en 1994 par le Premier ministre social-démocrate Mme Gro Harlem Brundtland, au moment où la Finlande et la Suède faisaient acte de candidature. Les pourcentages restèrent pratiquement les mêmes : 52,2 % de non, contre 47,8 % de oui, avec un taux de participation de 88,44 %. Depuis lors, les sondages ont donné des résultats fluctuants, mais les opposants à l'adhésion sont toujours majoritaires.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marc AUCHET : agrégé de l'Université, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, docteur d'État, docteur honoris causa de l'université d'Aalborg (Danemark)
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Georges CHABOT : directeur honoraire de l'Institut de géographie de l'université de Paris
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Claude NORDMANN : professeur à l'université de Lille-III
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
NORVÈGE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ANTARCTIQUE
- Écrit par Pierre CARRIÈRE , Edmond JOUVE , Jean JOUZEL , Gérard JUGIE et Claude LORIUS
- 16 481 mots
- 24 médias
...au continent austral. Ce sont : la Grande-Bretagne (suivie de deux membres du Commonwealth, l'Australie et la Nouvelle-Zélande), la France et la Norvège. On a appelé ces pays les « possessionnés ». En appliquant la théorie de la découverte, ils se sont mutuellement reconnu des secteurs... -
ARCTIQUE (géopolitique)
- Écrit par François CARRÉ
- 6 852 mots
- 2 médias
...l'archipel arctique qui termine le continent, et l'Alaska appartient aux États-Unis qui ont acheté cette colonie russe en 1867. En Europe du Nord-Ouest, Norvège et Danemark bordent l'Arctique. La première occupe l'extrémité septentrionale de la péninsule scandinave avec la province du Finnmark... -
BERGEN
- Écrit par Jean Maurice BIZIÈRE
- 273 mots
- 1 média
Comme l'indique l'étymologie (bjorgvin signifiant la prairie au milieu des montagnes), Bergen possède comme Rome la caractéristique d'être une ville aux sept collines. Située au fond du Byfjord dans une région montagneuse de la Norvège du Sud-Ouest, elle se tasse sur une plate-forme...
-
BÉTHOUART MARIE ANTOINE (1889-1982)
- Écrit par Charles-Louis FOULON
- 929 mots
Fils d'un conservateur des hypothèques, Marie Antoine Émile Béthouart naît à Dole (Jura) le 17 décembre 1889. Reçu à Saint-Cyr en 1909, dans la promotion des futurs général de Gaulle et maréchal Juin, il fait la Première Guerre mondiale dans l'infanterie.
En mission d'instruction...
- Afficher les 53 références