NORVÈGE
Nom officiel | Royaume de Norvège (NO) |
Chef de l'État | Le roi Harald V (depuis le 17 janvier 1991) |
Chef du gouvernement | Jonas Gahr Støre (depuis le 14 octobre 2021) |
Capitale | Oslo |
Langues officielles | Norvégien (nynorsk et bokmål), same 1
|
Unité monétaire | Couronne norvégienne (NOK) |
Population (estim.) |
5 578 000 (2024) |
Superficie |
384 482 km²
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La littérature
Les rigueurs de l'Histoire ont fait grand tort à la Norvège, qui n'est parvenue à créer une littérature de premier ordre que depuis un siècle et demi. Elle ne réussit pas à résoudre un problème linguistique qui complique grandement toute approche. Pourtant, elle possède quelques-uns des plus grands écrivains qu'ait comptés le nord de l'Europe.
Les débuts, jusqu'à la Réforme
Les premiers documents « écrits » remontent au ive siècle de notre ère : ce sont les inscriptions runiques égaillées sur tout le territoire norvégien. Simplement commémoratives ou obscurément magiques, concises jusqu'à l'énigme ou hautement élaborées, elles témoignent par leur versification évoluée de l'existence d'une poésie primitive orale de qualité, faite sans doute de proverbes, d'énigmes allitérées, de chants de conjurations (galdrar) et d'hymnes. Surtout, certaines attestent que les genres eddiques faisaient florès bien avant l'âge d'or islandais et que l'art raffiné des scaldes a pu naître sur le sol norvégien. Étaient norvégiens, en effet, le plus ancien scalde connu, Bragi Boddason (première moitié du ixe s.), auteur de la Ragnarsdrápa, ainsi que Þjódólfr de Hvín (début du xe s.), qui composa Haustlöng(Longueur d'automne) et Ynglingatal (Dénombrement des Ynglingar), Þorbjörn Hornklofi (début du xe s.), auteur d'un Haraldskvaedi, et Eyvindr Skáldaspillir (v. 915-v. 990), qui a laissé un Hákonarmál(Dit de Hákon) et un poème généalogique, Háleygjatal.
À partir du xie siècle s'établit la grande communauté culturelle Islande-Norvège, où il est difficile de démêler ce qui revient à un pays plus qu'à l'autre, encore que ce soient presque toujours des Islandais, semble-t-il, qui aient rédigé ou consigné les textes que nous connaissons. Pourtant, il est probable que certains poèmes de l' Edda sont, tout ou partie, d'origine norvégienne, notamment les Hávamál, les Grimnísmál, les Vaflthrudnísmál, l'Atlakvida, les Hamdismálet la Völundarkvida.
Christianisée à partir de 1000, la Norvège adopte l'alphabet latin et entreprend la rédaction de codes de lois et de chroniques historiques ou de vies de saints sous l'impulsion de ses évêques, autour de quelques monastères actifs. Dès 1170 environ, l'archevêque Eysteinn de Nidarós (Trondhjem) compose une Passio et miracula beatiOlavi ; avec un savoureux recueil d'homélies en langue vulgaire (Gammel norsk homiliebok, v. 1200), c'est le point de départ d'une abondante production hagiographique (Postolasögur, Heilagramannasögur). Un moine, Þjódrekr (Theodoricus), écrit, avant 1200, une Historia Norvegiae(v. 1180) et un ÁgripafNóregskonungasögum(v. 1190, Abrégé des histoires des rois de Norvège). Ces précisions sont importantes. On a coutume de s'extasier, à bon droit, sur le « miracle islandais ». Et certes la production littéraire de l'île dépasse, en quantité comme en qualité, tout ce qui s'est fait sur le continent à égalité d'époque. Mais on ne saurait oublier que les fondateurs (les colonisateurs) de l'Islande furent en majorité des Norvégiens, et qu'ils y apportèrent leur culture, leurs traditions, leurs textes aussi bien.
Sous l'influence du roi Hákon Hákonarson (1204-1263), la Norvège se tourne résolument vers l'Europe, la France surtout, ce qui lui vaut une littérature abondante, imitée et souvent directement traduite de la littérature française de cour et de chevalerie. De cette importante production, deux chefs-d'œuvre émergent : l'anonyme Konungsskuggsjá(v. 1250, Speculum regale), composé à la manière des Miroirs chers à l'époque, et le Draumkvaedi(Poème du rêve), également anonyme, qui pourrait remonter à 1300 et ressortit au genre de visions[...]
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Écrit par
- Marc AUCHET : agrégé de l'Université, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, docteur d'État, docteur honoris causa de l'université d'Aalborg (Danemark)
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Georges CHABOT : directeur honoraire de l'Institut de géographie de l'université de Paris
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Claude NORDMANN : professeur à l'université de Lille-III
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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NORVÈGE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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