NOTATION MUSICALE
Les notations musicales dans le monde asiatique
Notations à caractère neumatique
Visant à traduire un mouvement mélodique, les notations à caractère neumatique se composent de signes graphiques reproduisant dans certains cas une chironomie qui existe, ou a existé, parallèlement. Elles concernent en priorité des musiques vocales et elles se sont maintenues, sans rupture de tradition, semble-t-il, jusqu'à l'époque contemporaine. Formées de courbes plus ou moins complexes, de traits et de points placés au-dessus ou à côté du texte chanté, elles sont utilisées pour la transmission des musiques rituelles bouddhiques au Tibet et au Japon.
Notations à caractère accentuel
La notation à caractère accentuel se limite à un petit nombre d' accents tracés de part et d'autre des syllabes d'un texte pour indiquer les hauteurs de sons applicables à chacune de ces syllabes. Telle est la notation utilisée en Inde pour le chant du Veda, en référence à trois sons de base, désignés par les termes udātta, anudātta, svarita . Les différentes durées sont indiquées par la « quantité » (brève ou longue) des syllabes du texte ; celle-ci est régie par des règles strictes consignées dans les traités de métrique. Dans des publications plus récentes, les accents ont été remplacés par des chiffres.
Notations alphabétiques ou syllabiques
Le système indien du sargam
Dans la théorie musicale indienne, hindusthanie ou carnatique, les différents degrés d'une échelle de sept sons à l'octave sont désignés par la syllabe initiale du nom sanscrit de chacun de ces sons, soit, en mouvement ascendant :
Certains de ces degrés peuvent être altérés : abaissés (komal) ou haussés (tivra).
Ce système de référence s'est imposé dans toute l'Inde, quelle que soit l'écriture employée ou la langue considérée (bengali,
marathi, tamoul, hindi...). Il est souvent complété par des signes conventionnels indiquant les durées ou les ornements.
La notation chinoise et ses dérivées
Certains idéogrammes chinois ont été traditionnellement associés à douze hauteurs de sons (lü), définies par rapport à la longueur de douze tuyaux-étalons ou de jeux de douze cloches. Seuls cinq de ces sons, complétés par deux sons auxiliaires (bian zhi et bian gong), ont été employés dans les compositions musicales. La notation musicale repose donc sur l'emploi de cinq idéogrammes, adoptés, avec la même signification – mais avec des prononciations différentes – en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam (cf. traditions musicales – musiques d'inspiration chinoise). Pour noter une composition, la succession des degrés utilisés est disposée en colonnes verticales, parallèles aux colonnes du texte, lues de haut en bas et de droite à gauche.
Notations par onomatopées
Bon nombre de traditions musicales ont recours à des onomatopées pour désigner les sons obtenus sur différents instruments de musique : son sourd (dum) et son sec (tek) de la musique arabe, bols de la musique du nord de l'Inde qui désignent les différentes frappes exécutées par la main droite, la main gauche, les mains ensemble, avec la paume ou les doigts, au centre ou à la périphérie de la peau, sur le bord de la caisse du tambour, etc. Des formules composées d'une séquence déterminée de bols et appelées thekas sont mémorisées au cours de l'apprentissage et utilisées lors de l'exécution des tālas, qui servent de cadre rythmique à l'improvisation.
Les tablatures
Le mode de notation par tablatures renvoie non aux sons eux-mêmes mais à la manière de les produire sur un instrument donné : désignation de la corde d'une cithare ou d'un luth, indication des trous d'un instrument à vent, doigté, mode d'attaque. Il a été employé dans le monde sino-japonais dès l'époque T'ang, et peut-être avant, le plus souvent en complément[...]
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Écrit par
- Mireille HELFFER : directeur de recherche au C.N.R.S., chargée de mission au musée des Arts asiatiques-Guimet
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Médias
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