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PAYS NOTION DE

Le pays, résultat de choix imposés ou consentis

Il n'y a pas toujours accord sur le sens de la notion de pays, ce qui en fait un véritable enjeu politique, constamment renouvelé. La finalité du pays serait donc d'approcher la bonne échelle de gestion des territoires. Pour autant, en raison de sa polysémie, le terme est devenu banal et flou. La taille de l'espace politique des projets de développement local est variable selon les lieux et les moments. De plus, le pays est positionné par les différents protagonistes entre le passé, la tradition et le folklore d'une part, le progrès, l'innovation et la modernité d'autre part. Ce choix est fondamentalement idéologique mais révèle aussi la façon dont les acteurs locaux envisagent le devenir de leur pays. S'agit-il d'une communauté culturelle au sein des limites qu'elle s'est construite ? S'agit-il d'un comportement de repli ou d'un moment de mobilisation autour d'un projet ? Les réponses à ces questions ne s'imposent pas une fois pour toutes, car les pays connaissent des variations d'échelle et de sens au cours de leur propre histoire.

Le pays, espace appropriable, apparaît cependant, en particulier dans les périodes marquées par des crises, comme une notion qui rassurerait et stabiliserait le rapport à l'espace et au temps. Il devient alors synonyme d'une certaine continuité prenant appui sur un ensemble de caractères qui le définissent et l'individualisent : un paysage, une population, un système spécifique de mise en valeur... Les stratégies d'intégration et d'exclusion seraient donc inhérentes à la définition des pays : le pays intègre, mais en même temps il exclut ceux qui n'en font pas partie. Son unité affirmée résulte d'une décision politique et de l'accord formel de ses citoyens.

L'identification des pays relève de différents mécanismes. Ainsi, la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire de 1995 privilégiait une approche spatiale, en définissant les pays comme des territoires présentant une cohésion géographique, culturelle, économique et /ou sociale. Les limites devaient être fixées là où les éléments de cohérence s'infléchissaient. C'était sans compter sur la vigueur et la force d'éléments relevant d'autres registres, comme le politique. La loi d'orientation de 1999, quant à elle, prévoyait la constitution de pays autour de projets de développement durable s'articulant sur les solidarités entre les villes et les campagnes. Cette approche paraît plus en accord avec les réalités sociales et économiques des espaces vécus, même si elle se révèle difficile à mettre en pratique tant la campagne a été définie par ses handicaps et ses retards. Le fait politique enregistre la vitalité de la notion de pays plus comme un écho que comme une anticipation. C'est certainement dans le profond de la vie sociale que s'élaborent les représentations des pays en tant que points d'ancrage pour des populations en quête de repères.

— Lucette LAURENS

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Écrit par

  • : professeur des Universités, géographie, université de Montpellier-III-Paul-Valéry, U.M.R. 5045-M.T.E.

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