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NOUS NOUS VERRONS EN AOÛT (G. Garcia Márquez) Fiche de lecture

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Roman posthume de l’écrivain colombien Gabriel García Márquez, Nous nous verrons en août (En agosto nos vemos,2024) est paru dix ans après le décès de l’auteur. Il se présente comme un ultime hommage des fils Rodrigo et Gonzalo García Barcha à leur père. Ceux-ci se sont en effet affranchis des dernières volontés paternelles pour offrir aux lecteurs le privilège de partager une fois encore, avec l’illustre prix Nobel de littérature (1982), ce « plaisir du texte ».

La longue genèse d’un roman inédit

Le paratexte nous rappelle que ce roman est le fruit de plusieurs versions remaniées du manuscrit : un récit liminaire de l’œuvre fut d’abord publié dans El País, en 1999, sous le titre actuel En agosto nos vemos(Nous nous verrons en août), quelques jours après la lecture publique madrilène qu’en réalisa García Márquez.

L’auteur s’y consacra à nouveau et, en 2003, il fit paraître le troisième chapitre du roman (« La noche del eclipse ») dans la revue colombienne Cambio, puis dans le quotidien espagnol El País, avant de remettre à Carmen Balcells, son agente, la cinquième version, confiée en dernier lieu à l’éditeur, en 2008, pour les ultimes révisions effectuées de concert avec l’auteur. Ce dernier état du texte restera lettre morte jusqu’à ce que les fils de Gabriel García Márquez décident de le publier en 2023.

Par son format et l’unité thématique qui s’en dégage, ce roman, proche de la nouvelle par sa brièveté, se place sous le signe de l’exploration amoureuse, érotique et exotique, dans un cadre extraconjugal. Le thème de l’amour débridé et transgressif, qui figure au cœur de ce texte inédit, apparaît comme un leitmotiv dans l’œuvre de l’écrivain.

Nous nous verrons en août narre l’histoire d’une émancipation féminine, celle d’Ana Magdalena Bach, une femme mariée, âgée de quarante-six ans au début du roman, et mère de deux grands enfants : un fils doué pour la musique, dans la lignée du grand-père maternel et du père, et une fille, très libre, éprise d’un virtuose de jazz mulâtre, mais décidée à entrer dans les ordres. Chaque année, le 16 août, l’héroïne ne peut déroger au rituel consistant à se rendre sur une île caribéenne où est enterrée sa mère, déposer un bouquet de glaïeuls sur sa tombe, dormir une nuit à l’hôtel et prendre le premier bac, le lendemain, pour rentrer chez elle.

L’été des quarante-six ans d’Ana Magdalena, toutefois, la soirée sur l’île ne se déroule pas comme les années précédentes et ouvre ainsi une brèche dans sa relation conjugale marquée par une fidélité exemplaire. Bien que toujours éprise de son mari, la protagoniste se laisse enivrer, ce soir-là, sous les effets du gin et du Clair de Lune de Debussy, dans un arrangement pour boléro, offre un verre à un inconnu et l’invite à passer la nuit avec elle. Le lendemain matin, elle trouve dans son livre posé sur la table de chevet un billet de vingt dollars. Bouleversée par cette première aventure à la fois exaltante et humiliante, elle ressent, sur le trajet du retour, une forme d’altération de sa personne qui la rend étrangère à son environnement le plus familier.

Au fil des aventures fantasques qu’elle vit chaque été aux Caraïbes, les soupçons d’infidélité qu’Ana Magdalena croyait déjouer chez son mari se transforment en soupçons à l’égard de son époux. Chaque chapitre du roman se cristallise autour d’une nouvelle rencontre de la protagoniste lors de son pèlerinage annuel sur l’île. Après la révélation de la première soirée, d’autres amants se succéderont, dont un proxénète assassin et un évêque, autant de figures qui laissent percer l’humour railleur de García Márquez.

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Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des lettres, Sorbonne université

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