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NOUVEAU-NÉ (psychologie)

Le terme « nouveau-né » est réservé pour tout enfant de la naissance jusqu’à la fin du premier mois de vie. Une naissance à terme est comprise entre 37 et 41,5 semaines d’aménorrhée. Le nouveau-né à terme a en moyenne un poids de 3 250 g et une taille de 50 cm. Le nouveau-né apte à la vie extra-utérine est dit « viable » et assure seul ses fonctions cardiaques, respiratoires et métaboliques.

Depuis le début des travaux dans les années 1980, une des questions centrales est celle de la nature corticale des compétences cognitives néo-natales. L'image d'un nouveau-né réflexe, uniquement contrôlé par des structures sous-corticales primitives, est à cette époque encore dominante : elle est née de la similitude apparente entre l’activité motrice du nouveau-né et les réflexes observés chez l'animal décérébré. Selon cette conception, la motricité du nouveau-né se réduit à une activité rythmique, réflexe, non corticale et donc non cognitive, comportant plus de soixante-dix réflexes archaïques. La disparition des réponses automatiques et l'émergence de comportements volontaires seraient alors liées à l'apparition d’un contrôle cortical. Le côté impulsif de la motricité spontanée néo-natale est ainsi attribué à l'absence de mécanismes inhibiteurs corticaux. Mais l’apparition de travaux plus précis consacrés aux compétences précoces du nouveau-né et dégagés de cet a priori va entraîner un changement de perspective. Ces travaux récents ont montré que la motricité se caractérise par une variabilité spatio-temporelle du mouvement difficilement interprétable dans le cadre d’un modèle réflexe. Les mouvements globaux mobilisent tous les segments (tête, tronc, bras, jambes) selon des configurations variables. L’intensité, la force et la vitesse des mouvements sont également variables. Les travaux sur le geste d’atteinte d’une cible ou la coordination main-bouche mettent en évidence la présence d’actions intentionnelles. Contrairement au mouvement, l’action implique un geste spatialisé et finalisé qui présuppose une intention pour la déclencher et en contrôler l’exécution. La motricité fine de la main, qui implique une intervention des neurones pyramidaux de la couche V du cortex, s’observe par une modulation de l’activité manuelle en fonction de la texture et de la forme des objets. Cette modulation témoigne de l’implication des aires corticales dans la motricité et la somesthésie pour comparer et classer activement des stimulations tactiles. La neuro-imagerie a confirmé cette activation des aires corticales à la naissance et avant la naissance. Chez le nouveau-né à terme, un mouvement du genou ou du bras entraîne une augmentation du volume sanguin et de la consommation d’oxygène dans le cortex sensori-moteur controlatéral à la stimulation. D’autres travaux montrent que le cerveau du nouveau-né humain peut distinguer un stimulus douloureux d’un stimulus non douloureux : un signal douloureux est traité au niveau cortical, avec une réponse hémodynamique spécifique, confirmant ainsi la fonctionnalité néo-natale des projections thalamiques vers le cortex somatosensoriel et le cortex cingulaire.

À la naissance, la limitation des capacités visuelles, en termes d’acuité, de sensibilité au contraste, d’accommodation, de convergence binoculaire, de stéréoscopie, de poursuite oculaire et d’analyse des contours, permet néanmoins une discrimination des formes géométriques simples et des stimuli dont l’orientation varie, comme en témoignent les potentiels évoqués recueillis pour ces stimulations. Les nouveau-nés manifestent une constance de taille et de forme des objets. Attirés par le visage humain, ils regardent plus longuement le visage de leur mère que celui d’une étrangère, un visage avec des yeux ouverts plutôt que fermés ou encore un dessin de visage qui[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, directeur du laboratoire cognitions humaine et artificielle
  • : docteure en psychologie, habilitée à diriger des recherches, professeure de psychologie

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