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NOUVELLE-CALÉDONIE

La colonisation

Le contre-amiral Febvrier Despointes prend possession de la Nouvelle-Calédonie en 1853. L’année suivante, un établissement militaire est fondé et nommé Port-de-France, rebaptisé Nouméa en 1866. C’est le début d’une colonisation de peuplement qui se fait au détriment des premiers occupants et qui nie la propriété indigène. La mise en valeur agricole et minière joue un rôle considérable dans la spoliation des terres kanak. À côté des colons libres, une colonisation pénale est mise en place, à la suite du décret signé par Napoléon III en 1863 autorisant la création en Nouvelle-Calédonie d’un établissement de travaux forcés. Le premier convoi de bagnards arrive l’année suivante, le dernier en 1897. L’ultime centre pénitentiaire ferme en 1922. En 1864, l’ingénieur des mines Jules Garnier découvre un ensemble de minéraux silicatés riches en nickel, qui sera baptisé « garniérite ». Son exploitation débute dans les années 1870 et marque profondément l’économie, le territoire, la culture et les modes de vie néo-calédoniens. Le wharf (pour évacuer le minerai), le Caillou (désignation affectueuse de la Nouvelle-Calédonie), le « bull » (bulldozer), le « rouleur » (camionneur transportant le nickel de la mine à l’embarcadère) sont devenus des mots usuels dans l’archipel. La Société Le Nickel (SLN), créée en 1880, devient un opérateur économique hégémonique.

L’espace indigène est grignoté. Le colonisateur cherche à contrôler les Kanak en créant les tribus en 1867, à la tête desquelles l’administration place un chef, et en instituant la « réserve », un territoire dont la tribu a la jouissance, mais qui limite les déplacements des Kanak, notamment dans Nouméa. Dans la région de La Foa, les Kanak font les frais de l’appétit de l’administration pénitentiaire et de la volonté d’intégrer au domaine de l’État des milliers d’hectares pour les affecter à la colonisation libre, ce qui explique, en 1878, la première grande révolte kanak. Après un répit dans le processus de spoliation, le « grand cantonnement », entre 1897 et 1903, réduit l’espace foncier kanak à seulement un huitième de la superficie de la Grande Terre. En vigueur jusqu’en 1946, un ensemble juridique et réglementaire de mesures administratives, appelé « régime de l’indigénat », s’applique aux autochtones, soumis à des interdictions propres et contraints à des travaux d’utilité publique. Une rigoureuse séparation des systèmes scolaires les cantonne aux « écoles indigènes », qui n’offrent pas d’accès à l’enseignement secondaire et supérieur et qui se contentent de quelques rudiments d’écriture, de lecture et de calcul. Il faut attendre 1962 pour voir le premier Kanak obtenir le baccalauréat.

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Nouvelle-Calédonie [France] : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nouvelle-Calédonie [France] : carte physique

Île des Pins, Nouvelle-Calédonie - crédits : De Agostini/ Getty Images

Île des Pins, Nouvelle-Calédonie

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Récif barrière en Nouvelle-Calédonie

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