NOUVELLE ÉCOLE CLASSIQUE (NEC), économie
Vers un renouvellement des propositions de politique économique
Partant d'un cadre théorique où les agents tiennent compte dans leurs comportements du caractère dynamique de l'économie, la N.E.C. soutient que les baisses d'impôts n'ont pas les effets bénéfiques prévus par les keynésiens. Pour ces derniers, une baisse des impôts, en augmentant le revenu disponible des agents, permet d'accroître leur dépense et donc relance l'activité économique. La N.E.C. raisonne différemment : si les agents ont des anticipations rationnelles, ceux-ci vont effectivement intégrer les réductions d'impôts promises par le gouvernement dans leurs plans de consommation, mais en tenant compte, dès aujourd'hui, de leur caractère transitoire. Ainsi, Robert Barro montre que tout agent rationnel intègre la contrainte budgétaire de l'État lorsqu'il forme ses anticipations. L'agent prévoit donc qu'une baisse des impôts promise aujourd'hui sera nécessairement compensée, à besoin de financement constant de l'État, par des hausses futures. Ainsi, un consommateur plus riche aujourd'hui, du fait de la baisse de la pression fiscale, doit épargner pour payer les hausses d'impôt de demain. Ce comportement « rationnel » vient freiner l'effet de relance de l'activité prévue par l'analyse keynésienne fondée, elle, sur l’hypothèse que les agents ne prévoient pas.
Après avoir défait les principes de politique économique énoncés par les keynésiens, la N.E.C. va énoncer les principes fondateurs de la nouvelle économie politique. L'accent est mis sur la nécessité d'imposer aux institutions publiques des règles stables de comportement plutôt que de leur laisser la liberté d'effectuer des choix discrétionnaires. C'est l'idée centrale de Finn Kydland et Edward Prescott. L'État a, par exemple, intérêt à annoncer une taxation du capital faible pour susciter une épargne importante et taxer ensuite fortement le capital une fois installé. L'annonce d'une faible taxation se heurte cependant à un problème d'incohérence temporelle : dès lors qu'ils anticipent cette stratégie, les agents ne jugeront pas l'annonce crédible. Comprenant l'intérêt du gouvernement à taxer leur capital une fois qu'ils auront épargné, les agents vont anticiper un taux de taxe élevé, ce qui les dissuade en fait d'épargner. Finalement, agents privés et gouvernement sont piégés dans une situation défavorable avec un niveau de capital trop faible.
Seule une règle de taxe faible engageant véritablement le gouvernement peut faire sortir l'économie de cet équilibre bas. Une autorité publique en charge de la politique économique doit donc chercher, paradoxalement, à limiter sa marge de manœuvre discrétionnaire, afin d'éviter les effets pervers des stratégies non coopératives. Comment ne pas voir l'influence déterminante de la N.E.C. dans le processus d'indépendance des Banques centrales ou dans le Pacte de stabilité européen (1997) ?
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Écrit par
- François LANGOT : professeur de sciences économiques à l'université du Maine
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