NOUVELLE VAGUE, cinéma
Contre la tradition de la qualité
« Ils voulaient nos places », ne cessera de protester Claude Autant-Lara, réalisateur de films aussi prestigieux que Le Diable au corps (1947) ou Le Rouge et le Noir (1954). Et il est exact que le corporatisme de la profession cinématographique des années d’après-guerre constitue un élément essentiel de l’éclosion de la nouvelle vague. Le cinéma français a vécu en vase clos sous l’Occupation, période faste pour le cinéma du point de vue économique. À la Libération, la profession ne souhaite que poursuivre dans la même voie, avec les mêmes méthodes et le même personnel : adaptations littéraires de prestige (Stendhal, voire un Zola aseptisé...), costumes et décors somptueux, dialogues brillants, personnages soumis à une pesanteur moralisante... C’est ce que l’on nomme avec fierté la « tradition de la qualité ». Des règles draconiennes édictées sous le régime de Vichy limitent l’accès à la profession. Le postulant à la mise en scène, en particulier, n’y parvient qu’après avoir longuement travaillé comme assistant, après avoir le plus souvent renoncé à ses ambitions artistiques premières et s’être fondu dans le moule de la tradition de la qualité. En outre, celle-ci pousse à des films de plus en plus chers, d’où toute innovation est bannie. Tandis que nombre de cinéastes en exercice ont débuté dans les années 1930, voire 1920, il ne se tourne en moyenne, entre 1950 et 1958, qu’une quinzaine de premiers films sur environ 116 réalisations par an.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
Autres références
-
BEAUREGARD GEORGES DE (1920-1984)
- Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS
- 674 mots
La révolution technique et esthétique résumée dans l'expression « nouvelle vague », de 1959 à 1963, aurait eu lieu quels qu'en fussent les agents ou les vecteurs. Le producteur Georges de Beauregard lui a cependant imprimé un caractère original, en concentrant les individus et les formules autour...
-
BELMONDO JEAN-PAUL (1933-2021)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Joël MAGNY
- 1 167 mots
- 1 média
Dans les premières années de sa carrière cinématographique, Jean-Paul Belmondo est porté par la nouvelle vague plus qu'il ne lui apporte. Il va pourtant représenter un nouveau type d'acteur, au physique de « dur », dont la beauté ne doit plus rien à la tradition du « beau ténébreux...
-
BRIALY JEAN-CLAUDE (1933-2007)
- Écrit par René PRÉDAL
- 1 030 mots
Né à Aumale (aujourd'hui Sour El-Ghozlan, Algérie), Jean-Claude Brialy débute sur scène au milieu des années 1950 après une rencontre décisive avec Jean Marais. Mais c'est au cinéma que l'acteur va connaître une popularité jamais démentie durant un demi-siècle, d'abord en tant...
-
CAHIERS DU CINÉMA
- Écrit par Jean-Louis COMOLLI
- 1 152 mots
- 1 média
La plus ancienne et la plus connue des revues de cinéma paraissant en France. Son ancienneté même et la diversité des tendances critiques qui s'y sont succédé rendent difficile toute description (et a fortiori tout jugement) synthétique. La caractéristique la plus constante de la revue est peut-être...
- Afficher les 44 références