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NOUVELLE VAGUE, cinéma

Et après ?

On a annoncé la mort de la nouvelle vague dès 1961, avec les échecs que connurent de nombreux films des nouveaux cinéastes : Chabrol (L’Œil du Malin, 1962), Demy (Lola, 1961), Godard (LesCarabiniers, 1963), Jacques Rozier (Adieu Philippine, 1963), voire Resnais (Muriel, 1963), Truffaut (LaPeaudouce, 1964)... Il est plus logique de la situer en 1965 avec Paris vu par..., film à sketches produit par Barbet Schroeder et les Films du Losange (Éric Rohmer) en suivant les principes économico-esthétiques de la nouvelle vague, sorte de manifeste collectif après la bataille réalisé par Jean Douchet, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Jean-Daniel Pollet, Rohmer, Jean Rouch. Mais on y constate déjà l’absence de Truffaut et Rivette, à la suite de conflits internes aux Cahiers du cinéma. À partir de là, chacun va suivre sa voie personnelle. Et la plupart d’entre eux, sauf disparition précoce, marqueront le cinéma.

La nouvelle vague n’a pas enrayé la baisse de fréquentation du cinéma, qui déborde largement le cas de la France. Elle a connu peu de descendants directs, même si on peut citer Jean Eustache, Philippe Garrel, André Téchiné, Olivier Assayas, Leos Carax, qui ne formeront pas un groupe. Dans les années 1990, nombre de jeunes cinéastes, souvent issus de la Fémis, se réclament de la nouvelle vague : Xavier Beauvois, Lucas Belvaux, Arnaud Desplechin, Philippe Faucon, Pascale Ferran, Cédric Kahn, Noémie Lvosky... Une filiation qui passe par Maurice Pialat, proche de la nouvelle vague par les méthodes et l’esprit, mais qui reste en marge d’un mouvement dont il a toujours refusé l’étiquette,

Sur l’ensemble du cinéma mondial, outre l’influence directe de chaque personnalité, en particulier Godard et Truffaut, sur certains cinéastes, l’influence de la nouvelle vague tient avant tout à ses principes économiques et à ses méthodes de tournage. Elles touchent particulièrement les pays en voie de développement, comme le « cinema nôvo » brésilien (Glauber Rocha). En revanche, il faut se garder de surévaluer l’apport de la nouvelle vague française aux multiples mouvements des années 1960, qui souvent la précédèrent (Grande-Bretagne, Pologne, États-Unis), ou en furent contemporains (Japon). La nouvelle vague a pourtant touché la génération du nouvel Hollywood : Arthur Penn, Dennis Hopper, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Brian De Palma, plus tard James Gray et Quentin Tarentino, entre autres.

La nouvelle vague, c’est aussi l’idée d’un cinéma d’auteur, parfois bénéfique, mais dont les effets peuvent être aussi pervers. « Les jeunes cinéastes [de demain], prophétisait Truffaut en 1957, s'exprimeront à la première personne et nous raconteront ce qui leur est arrivé [...] et cela plaira presque forcément parce que ce sera vrai et neuf. » Cinq ans plus tard, il nuance : « C’est devenu à tel point des poncifs que maintenant j’ai envie de voir une histoire bien racontée. » Pas question pour autant de rejeter ce qui fut la quête essentielle de la nouvelle vague : le retour à la sincérité du cinéma.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Médias

Jacques Rivette - crédits : Javier Echezarreta/ EPA

Jacques Rivette

François Truffaut - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

François Truffaut

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