NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE
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Le projet des « Nouvelles Routes de la soie » a été initié par Xi Jinping en septembre 2013, lors d’une tournée en Asie centrale. Le président chinois nouvellement élu mentionnait à Astana (Kazakhstan) son projet de ressusciter la mythique route commerciale qui reliait, il y a près de 2 000 ans, Xi’an en Chine à Antioche en Syrie (aujourd’hui en Turquie). Évoquant les caravanes qui partaient alors vers l’Europe, Xi Jinping proposait à ses voisins de nouveaux partenariats commerciaux. En mai 2017, Pékin organisait le premier forum international sur les Nouvelles Routes de la soie, lors duquel vingt-huit chefs d’État et de gouvernement étaient présents autour du président chinois. Sous la forme d’un projet monumental visant initialement à relier l'Asie et l'Europe à travers un vaste réseau d’infrastructures terrestres et maritimes, s’esquissaient dès le départ des enjeux à la fois économiques, énergétiques et stratégiques. Surnommé le « projet du siècle » par le président chinois, le programme OBOR, pour One Belt, One Road (« Une ceinture, une route »), renommé en 2016 BRI pour Belt and Road Initiative (« L’initiative de la ceinture et de la route »), s’est rapidement développé grâce à la mise en place d’une nouvelle génération de comptoirs transnationaux. Désormais au pluriel, les Nouvelles Routes de la soie consistent en un réseau de corridors routiers, maritimes et ferroviaires reliant l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même l’Amérique latine. Le projet BRI comporte deux volets majeurs : ferroviaire d’une part (Silk Road Economic Belt) et maritime d’autre part (Maritime Silk Road). Les deux initiatives distinctes, qui elles-mêmes se divisent en plusieurs tracés, procèdent d’une même logique : mieux ancrer le reste de l’Asie à la Chine tout en assurant l’intégrité du territoire et du développement chinois, renforcer l’influence de la République populaire en Eurasie, mettre en avant l’idée d’une nouvelle donne géopolitique polycentrique et favoriser l’expansion internationale des entreprises chinoises, notamment dans le domaine des infrastructures.
Le socle financier officieux des Nouvelles Routes de la soie
Au-delà des organisations internationales et régionales au sein desquelles la Chine a accru son rôle depuis la fin des années 1990, la République populaire a constitué sous Xi Jinping ses propres réseaux pour promouvoir son développement économique et celui du continent asiatique. Son objectif est non seulement de s’imposer comme le leader incontesté dans la région, mais également de diversifier ses approvisionnements énergétiques et de fournir à ses entreprises de nouveaux débouchés afin de préserver sa croissance. C’est dans cette perspective que Pékin a mis en place, à partir de 2014, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), une institution financière internationale créée sur le modèle d’autres banques comme la Banque mondiale ou la Banque asiatique de développement. Cette nouvelle banque vise à soutenir des projets de développement, principalement en Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan et Turkménistan) et du Sud (Inde, Indonésie, Pakistan, Birmanie) dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’aménagement urbain et des télécommunications. L’ambition économique est à la hauteur des annonces financières. Le 29 juin 2015, peu de temps après sa création, la BAII a annoncé disposer d’un capital de 1 000 milliards de dollars. Cette même année, la Chine annonçait que des projets d’infrastructures étaient déjà engagés à hauteur de 1 600 milliards de dollars. Alors que les besoins de financement d'infrastructures en Asie sont extrêmement importants, la puissance financière chinoise s'impose comme un acteur de premier plan, cherchant à soutenir le développement[...]
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Écrit par
- Nashidil ROUIAÏ : docteure en géopolitique et géographie culturelle
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