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NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE

Article modifié le

Des objectifs économiques, énergétiques et industriels

La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures est la première pièce financière d’une stratégie plus vaste de la part de Pékin, qui vise à favoriser le développement, sous son impulsion, de ses voisins et de ses partenaires. L’initiative des Nouvelles Routes de la soie encourage officiellement cinq domaines de coopération : l'approfondissement de la coordination des politiques publiques de développement, le développement des connexions d'infrastructures, le développement du commerce international, le développement de la coopération dans le domaine financier et le développement de la « compréhension mutuelle entre les peuples », autrement dit des échanges sociaux et culturels. Derrière ces cinq piliers, les principaux objectifs de la Chine sont de faciliter et de sécuriser le transport de sa production vers les principaux pays consommateurs, d’assurer son approvisionnement en ressources, notamment en hydrocarbures, et d’ouvrir de nouveaux marchés pour ses entreprises.

Se libérer du « tout maritime »

La question du transport et de l’approvisionnement est centrale. Le volet ferroviaire du projet a été le premier à être pensé et réalisé. En effet, l’un des objectifs initiaux de la Chine était de diversifier ses routes commerciales, notamment avec l’Europe, alors que 95 p. 100 des échanges commerciaux sino-européens s’effectuaient par la mer. Globalement très dépendante du transport maritime, dont 85 p. 100 transitent par le détroit de Malacca et la mer de Chine, agitée par les tensions et les conflits interétatiques, la République populaire a tout intérêt à multiplier les canaux de distribution et d’alimentation du pays. C’est dans cette perspective de diversification et de sécurisation des voies d’approvisionnement et de distribution que Pékin développe des routes et des pipelines reliant l’Asie centrale à la Chine d’une part et l’Asie du Sud à la Chine d’autre part. La demande énergétique chinoise ne cesse d’augmenter avec l'accélération de l'industrialisation et de l'urbanisation, faisant du pays le premier importateur de pétrole du monde. Or, historiquement, la majeure partie des importations chinoises de pétrole proviennent de pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Si la Chine voit dans la possibilité de se libérer de sa dépendance énergétique vis-à-vis des pays du golfe Persique et de la Russie un intérêt majeur, elle souhaite également diminuer les risques liés aux routes d’approvisionnement. Car c’est à travers une route maritime de 10 000 kilomètres passant par les détroits d’Ormuz et de Malacca que transite historiquement l’approvisionnement chinois en hydrocarbures, avant de rejoindre Shanghai. La sécurité de cette route est assurée par les flottes britannique, française et surtout américaine. Officiellement justifiée par la lutte contre la piraterie et le terrorisme, la forte présence des États-Unis dans la région est stratégique. Elle leur permet de disposer d’un moyen de pression important, tant cette route est vitale à la croissance chinoise. Ainsi Washington, dont la marine croise dans ces eaux et qui dispose de nombreux alliés dans la région (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Thaïlande, Australie), pourrait aisément mettre en œuvre un blocus. En développant des routes terrestres passant par l’Asie centrale d’une part et en consolidant des accords de coopération avec des pays comme le Sri Lanka, le Bangladesh ou la Birmanie d’autre part, Pékin s’assure de limiter sa dépendance aux conjonctures politiques et économiques internationales.

La Chine n’abandonne pas les échanges maritimes pour autant : au volet ferroviaire s’est greffée une « route maritime de la soie », initialement présentée en octobre 2013 par le président chinois[...]

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Les Nouvelles Routes de la soie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les Nouvelles Routes de la soie

Ligne ferroviaire Yuxinou - crédits : Bernd Thissen/ picture alliance/ DPA/ Photononstop

Ligne ferroviaire Yuxinou

Forum Chine-Afrique, 2018 - crédits : Lintao Zhang/ Pool/ EPA-EFE

Forum Chine-Afrique, 2018

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