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NOVGOROD

Les premières mentions de Novgorod, dont le nom signifie « ville neuve », remontent au ixe siècle ; située sur le Volkhov, près du lac Ilmen, au nord de la voie commerciale reliant « les Varègues aux Grecs », la cité de Novgorod est l'un des deux centres de la Russie kiévienne. Très tôt, des tendances séparatistes à l'égard de Kiev s'y font jour ; un début d'autonomie aurait été accordé par Iaroslav le Sage (1019-1054). À partir de 1136, la république de Novgorod acquiert son indépendance vis-à-vis des princes russes. Le pouvoir appartenait à l'assemblée du peuple ou vetche (veče), mais celui-ci était dominé par l'aristocratie terrienne, les boyards. C'est parmi eux qu'étaient choisis le maire (posadnik) et les autres officiers municipaux. L'aristocratie élisait l'archevêque (lui-même propriétaire foncier très important et représentant direct d'autres grands propriétaires fonciers, les monastères), qui assurait en fait les fonctions de chef de l'État. Ce sont les boyards, enfin, qui décidaient de faire appel à tel ou tel prince de la dynastie des Riourikides pour assumer la défense de la cité et qui le congédiaient. Toutefois, dans la mesure où économiquement Novgorod dépendait du « bas pays » (nižov'e) — le cours moyen de la Volga et le cours inférieur de l'Oka —, les princes de Vladimir aux xiie et xiiie siècles, puis ceux de Tver aux xiiie et xive, enfin ceux de Moscou intervinrent dans les affaires novgorodiennes. Dès le xive siècle, le titre de prince de Novgorod revient à celui des princes russes qui a été investi par la Horde d'or, c'est-à-dire au grand-prince de Vladimir.

L'essentiel de la vie économique reposait sur l'agriculture et ses activités annexes, exercées sur les immenses territoires colonisés par Novgorod jusqu'à la mer Blanche et l'Oural, par les paysans de plus en plus attachés à la glèbe. À Novgorod et dans les bourgs (prigorody) vivait une population libre d'artisans ou de commerçants, dotée d'institutions élues par rue ou par quartier ; à Novgorod même, ces derniers étaient regroupés dans la corporation de Saint-Jean (Ivanovskoe sto). Toutefois, le commerce extérieur était passé, au xiiie siècle, en grande partie dans les mains des marchands allemands de la Hanse.

Harcelée par les princes de Moscou dès le début du xve siècle, la république de Novgorod fut définitivement annexée par Ivan III en 1478. La plupart des familles de boyards furent déportées en Russie centrale. Le commerce extérieur fut sérieusement compromis à la suite de l'expulsion par Ivan III des marchands allemands (1495). Enfin, en 1570, Ivan le Terrible, sur un simple soupçon, fit dévaster la ville et massacrer une fraction de sa population. À l'époque moderne, la création de Saint-Pétersbourg éclipsa définitivement Novgorod qui fut reléguée au rang de centre administratif provincial (chef-lieu de gouvernement, en 1727, et d'oblast actuellement).

Moins coupée de l'Europe et même de Byzance que le reste de la Russie et ayant échappé à l'invasion mongole, la ville connut un développement artistique ininterrompu du xie siècle au début du xvie siècle. Cet art, de très haute qualité, a marqué la culture vieille-russe dans les domaines de l'architecture et de la peinture monumentale comme dans celui des icônes.

Les premières grandes églises au plan en croix grecque sont érigées par les princes, et l'on y retrouve certains traits des traditions byzantine et kiévienne (présence d'une tribune et d'une tour dotée d'un escalier) ; mais, après la perte de tout pouvoir politique réel du prince au xiie siècle, les petites églises construites par les corporations ou les riches marchands se multiplient : elles ont généralement une ou trois absides, quatre[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut de philologie et d'histoire orientales et slaves, Bruxelles
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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