NUAGE D'INCONNAISSANCE
Ouvrage anonyme anglais, Le Nuage d'inconnaissance (The Cloud of Unknowing) est un écrit du milieu du xive siècle, rédigé au plus fort de la querelle entre « actifs » et « contemplatifs ». Adressé à une solitaire (comme les épîtres qui accompagnent Le Nuage dans les plus anciens manuscrits), ce texte n'est pas pour autant une œuvre polémique contre la dévotion moderne. Débiteur des écrits de Denys l'Aréopagite et des Victorins, l'auteur enseigne une doctrine profondément anti-intellectualiste ; Dieu ne peut être atteint que par l'amour, le sentiment (feeling) et non par la pensée. Le rôle du « nuage de l'oubli » est précisément de couvrir l'activité discursive de l'entendement pour pouvoir permettre à l'homme d'accéder à Dieu par l' « amour ardent », la partie affective de l'âme. L'esprit reste alors dans le nuage d'inconnaissance, tandis que l'âme, dans sa partie supérieure, pénètre ce nuage et le traverse pour atteindre Dieu. L'âme est absorbée par la divinité avec qui elle finit par se confondre.
Le Nuage a eu une influence considérable sur la mystique anglo-saxonne et rhénane du xive et du xve siècle, mais il a été corrigé par Walter Hilton et par les enseignements de Julienne de Norwich. Il fut souvent attribué à Hilton, mais à tort. On a récemment suggéré qu'il avait pour auteur l'augustin Guillaume Flete (1320 env.-1390), qui fut, à partir de 1363, le conseiller théologique de Catherine de Sienne ; mais des divergences de vocabulaire et de doctrine rendent cette attribution hypothétique.
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Écrit par
- Jean-Robert ARMOGATHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses
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