NUCLÉAIRE Applications civiles
Énergie nucléaire, environnement et économie
Nucléaire et climat
Un des intérêts de l'énergie nucléaire, dont on n'a pris conscience que dans les années 1990, est qu' elle n'émet pas de CO2 et qu'elle peut donc contribuer, aux côtés des économies d'énergie et des énergies renouvelables, à la lutte contre l'effet de serre. Le nucléaire fournit aujourd'hui environ 16 p. 100 de l'électricité mondiale (à égalité avec l'ensemble des énergies renouvelables) et 6 p. 100 de l'énergie primaire. Il évite le rejet annuel, au niveau mondial, de deux milliards de tonnes de CO2 (environ 10 p. 100 de la quantité rejetée) et, en France, il a permis de réduire d'un tiers les rejets annuels de CO2. On mesure là tout l'intérêt de l'énergie nucléaire pour contribuer à lutter contre le changement climatique.
Les « coûts externes »
Toutes les énergies présentent des risques et ont des effets plus ou moins marqués sur l'environnement. L'électricité ne fait pas exception. La prise en compte économique des uns et des autres est de plus en plus assurée par ce qu'on appelle les « coûts externes », par opposition aux coûts internes que sont les investissements, les dépenses d'exploitation et de combustibles. Dans le cas des combustibles fossiles, ces coûts externes correspondent surtout aux effets sur la santé des rejets divers (oxydes de soufre et d'azote, poussières) et aux effets sur l'environnement des émissions de CO2. Pour le nucléaire, ce sont les provisions pour la gestion des déchets et le démantèlement des installations.
L'évaluation des coûts externes est délicate et varie en fonction de la réglementation. Par exemple, lorsque des normes de rejets plus restrictives sont imposées, des coûts externes correspondants cèdent le pas à des « coûts internes » supplémentaires. La répartition entre coûts internes et coûts externes n'est donc valable qu'à un instant donné. Une des études les plus sérieuses sur ce sujet a été menée, dans les années 1990, pour la Commission européenne (tabl. 4).
Comparés aux coûts internes moyens, tous compris entre 30 et 80 euros par mégawattheure, les coûts externes sont très importants puisque, même en l'absence de coût attribué au CO2, ils sont compris entre 5 et 70 euros par mégawattheure. Ils pourraient bouleverser le secteur électrique si la part liée au CO2 était prise en compte
Les coûts internes comparés des kWh « fossiles », renouvelables et nucléaires
La comparaison des coûts de production de l'électricité est un exercice toujours difficile, même lorsqu'on se limite aux coûts internes.
Le nucléaire et la plupart des énergies renouvelables nécessitent des investissements élevés par kW installé (de 1 000 à 2 000 euros), généralement accompagnés de dépenses d'entretien importantes, mais bénéficient en revanche de combustibles peu chers (nucléaire) ou même gratuits (hydraulique, éolien, solaire). Dans le cas de l'électricité nucléaire, si la plupart des organismes concernés sont à peu près d'accord sur le calcul des frais annuels (combustibles, entretien et exploitation) qui représentent en gros 15 euros par mégawattheure, la plus grande diversité existe quant aux méthodes d'amortissement des investissements qui dépendent beaucoup de l'appréciation des risques encourus par l'investisseur (risques réglementaires, politiques, techniques...). En simplifiant à l'extrême, les financiers libéraux raisonnent en taux de retour sur investissement, les économistes « planificateurs » en taux d'actualisation et certains investisseurs industriels font un calcul d'amortissement avec un taux d'intérêt donné. Ainsi, les industriels finlandais, qui ont acheté un E.P.R. en 2004, ont adopté un taux d'intérêt de 5 p. 100 et une durée d'amortissement de vingt ans. En France, le ministère de l'Économie[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BACHER : ancien directeur à E.D.F.
Classification
Médias
Autres références
-
NUCLÉAIRE (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 4 128 mots
- 18 médias
Depuis la découverte de la radioactivité en 1896 par Henri Becquerel et celle du noyau atomique par Ernest Rutherford en 1911, des progrès scientifiques importants ont été accomplis en physique nucléaire. La maîtrise des réactions nucléaires a permis en particulier, dès le milieu du xxe siècle,...
-
FRANCE - L'année politique 2021
- Écrit par Nicolas TENZER
- 6 168 mots
- 5 médias
...Emmanuel Macron présente un plan d’investissement « France 2030 » dont le but est de « faire émerger les futurs champions technologiques de demain ». Après un moment d’hésitation, il annonce en novembre un plan de relance du nucléaire, destiné à répondre aux défis de l’indépendance énergétique du pays... -
TICE (Traité d'interdiction complète des essais nucléaires) ou CTBT (Comprehensive Test Ban Treaty)
- Écrit par Dominique MONGIN
- 936 mots
- 1 média
Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (T.I.C.E.), ou Comprehensive Test Ban Treaty (C.T.B.T.), est un traité multilatéral élaboré dans le cadre de la Conférence du désarmement de l’Organisation des Nations unies (O.N.U.). Il a été ouvert à la signature des États en septembre...