NUCLÉAIRE Applications militaires
Armes et systèmes d'armes
On distingue deux catégories principales d'armes ; d'une part, les armes stratégiques, à longue portée, visant des objectifs démographiques ou économiques et, d'autre part, les armes tactiques, destinées à un usage militaire à proximité des zones de combat. Les premières armes nucléaires fabriquées avaient un but stratégique, ce sont celles qui ont été utilisées en 1945 pour bombarder Hiroshima et Nagasaki.
La première comportait un dispositif à rapprochement et utilisait de l'uranium enrichi : elle a fourni une énergie de 13 kt ; la seconde fonctionnait par implosion, utilisait du plutonium et a fourni 21 kt. Par la suite furent fabriquées des armes à fission plus puissantes, jusqu'à la limite des possibilités, qui sont de quelques centaines de kilotonnes. Il y a en effet une limite qui correspond aux difficultés croissantes que l'on rencontre à rassembler de fortes masses de matière fissile tout en gardant des conditions de concentration convenables et une bonne sécurité dans les diverses circonstances de la vie de l'arme.
Les armes thermonucléaires qui furent mises au point ultérieurement, à partir de 1951, permirent de s'affranchir de cette limitation puisqu'elles ne présentent plus de contraintes d'encombrement et de masse de la charge et, par conséquent, de ses conditions de transport. On assista alors à une compétition pour l'obtention de très fortes énergies, dont le point extrême fut une explosion soviétique d'une soixantaine de mégatonnes.
Par la suite, les spécialistes parvinrent à la conclusion que ces énergies très élevées n'avaient qu'un intérêt limité du point de vue opérationnel, si bien qu'actuellement l'arsenal thermonucléaire des deux grandes puissances est constitué en majorité d'armes dont l'énergie unitaire se situe plutôt vers 1 Mt pour les charges uniques et 100 kt pour les charges multiples.
Charges et vecteurs stratégiques
À partir des années 1960, les améliorations les plus importantes des charges ont porté sur leur miniaturisation et leur allégement, leur sécurité d'emploi et leur fiabilité, ainsi que sur leur capacité à échapper aux radars des défenses, ce que les spécialistes appellent la furtivité.
Parallèlement se dessinait une évolution des vecteurs et de leur doctrine d'emploi, en même temps qu'apparaissaient de nouvelles plates-formes de lancement.
Les premiers vecteurs stratégiques furent des bombardiers à long rayon d'action. Pour réduire leur vulnérabilité au sol, il fut décidé, du côté américain par le Strategic Air Command, d'en maintenir quelques-uns en vol de façon permanente. Il apparut rapidement qu'un armement basé sur la seule composante aéroportée présentait un risque d'annihilation trop important. Ainsi furent créés de nouveaux systèmes utilisant des missiles, dont la technologie avait beaucoup progressé à la faveur des recherches spatiales. On construisit alors des bases de lancement constituées de silos enterrés dans des sites désertiques. Le plus grand progrès dans l'invulnérabilité allait apparaître avec les sous-marins nucléaires, capables de rester en plongée pendant des semaines, voire des mois ; ils sont à ce jour quasi indétectables, en dehors de la phase de départ et de retour de leur patrouille.
La précision des missiles s'étant beaucoup améliorée, ils peuvent aujourd'hui porter un coup au but à des silos, ce qui a conduit à imaginer des sites de lancement mobiles, sur route, voie ferrée ou à partir de tunnels à embrasures multiples. Au cours des années 1980 sont apparus les missiles de croisière. Ces lointains descendants des fusées V1 peuvent voler à grande vitesse et à très basse altitude. Totalement autonomes grâce à un guidage sophistiqué (inertiel, topographique ou satellite), ils sont capables[...]
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Écrit par
- Paul BOUÉ : ancien adjoint du directeur scientifique au Commissariat à l'énergie atomique, professeur honoraire à l'École nationale supérieure des techniques avancées
- Thierry MASSARD : directeur scientifique au Commissariat à l'énergie atomique, direction des applications militaires
- François OLIVE : ingénieur au Commissariat à l'énergie atomique
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Médias
Autres références
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NUCLÉAIRE (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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