NUCLÉAIRE Démantèlement des installations
Techniques utilisées
Trois domaines classiques de techniques sont importants pour le démantèlement : les appareils de mesure de la radioactivité des installations, les moyens physiques et chimiques de décontamination, les outils de découpe et de fragmentation.
Les opérations déjà conduites, assez nombreuses, montrent que les techniques de première génération utilisées ont permis d'aboutir aux objectifs fixés, dans les conditions prévues de dosimétrie opérationnelle, de déchets produits, de durée et de coûts. Des améliorations dans ces techniques sont cependant nécessaires, compte tenu de l'importance des enjeux. Une recherche active et le retour d'expérience permettent d'apporter en continu des améliorations aux techniques utilisées, telles que la gamma-caméra et la découpe par laser, et des marges de progrès importantes existent encore dans la productivité de la plupart des outils de démantèlement.
Un domaine nouveau, résultant du développement de l'informatique, a connu un développement rapide : la simulation, c'est-à-dire la représentation en espace virtuel des scènes et des outils de démantèlement, qui permet de modéliser les projets d'opérations, de vérifier les possibilités d'intervention et de faire répéter les opérateurs. Le choix de techniques et de scénarios qui minimisent la durée d'intervention et l'exposition associée est ainsi facilité.
La simulation utilise des photographies et des plans des structures réelles, qui sont traités par un logiciel de C.A.O. afin de reconstruire en espace virtuel les locaux, structures et composants à démanteler. Les outils de démantèlement avec leur mode d'action sont également modélisés et une base de données d'outils virtuels est peu à peu élaborée. Cela permet aussi de tester différents outils en prenant en compte les contraintes particulières d'une intervention, sans exposition opérationnelle. Cette simulation peut incorporer la répartition des points chauds relevés à partir des clichés de gamma-caméras. Ces techniques sont maintenant utilisées industriellement sur les opérations de démantèlement ou sur des chantiers en cours.
Les méthodes de traitement et de réduction de volume des déchets, notamment le compactage, constituent également un domaine technique essentiel au démantèlement.
Même arrêtées, les installations nucléaires sont surveillées et maintenues en sûreté jusqu'à leur démantèlement complet. Il est donc souhaitable que celui-ci soit réalisé assez rapidement, dès lors que le devenir des déchets est défini. En Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Japon, par exemple, le démantèlement immédiat est généralement adopté, pour les réacteurs comme pour les installations du cycle du combustible.
Les enjeux industriels du démantèlement des installations nucléaires sont considérables. Contrairement à la majorité des opérations conduites jusqu'ici, presque toutes différentes les unes des autres, le démantèlement des réacteurs électrogènes de deuxième génération permettra des gains d'efficacité (impact dosimétrique, coût, déchets) par la répétition d'opérations identiques dans des conditions voisines. Le coût actuellement envisagé, compte tenu de l'expérience acquise en France et à l'étranger, est de l'ordre de 15 p. 100 du coût de construction. Les provisions du futur démantèlement des réacteurs R.E.P. du palier 900 Mwe sont établies sur cette base.
À court terme, il est nécessaire de mettre en place des filières autorisées de réutilisation des matériaux conventionnels et d'ouvrir un centre de stockage de déchets graphites et radifères.
À plus long terme, il faudra aussi disposer d'un stockage industriel pour les déchets M.A.-V.L., lorsque le démantèlement à grande échelle des réacteurs électrogènes de deuxième génération[...]
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Écrit par
- Francis LAMBERT : Ingénieur, École de physique et de chimie industrielles, ancien inspecteur nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique
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Autres références
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NUCLÉAIRE (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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