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NUCLÉAIRE (PHYSIQUE) Noyau atomique

Modèles en couches

Effectivement, le modèle en couches est un modèle de structure nucléaire comparable à bien des égards au modèle planétaire atomique. Il constitue la pierre angulaire de la physique nucléaire en ce sens que son ambition est de rendre compte de la structure des noyaux en termes microscopiques, c'est-à-dire à l'aide des propriétés individuelles de ses constituants. Sa démarche, pour contourner le problème à N corps, consiste à recourir, dans un premier temps, à l'approximation dite du potentiel moyen en espérant traiter ensuite toutes les interactions résiduelles des nucléons comme des perturbations.

Le potentiel moyen

Potentiel moyen pour les neutrons et les protons - crédits : Encyclopædia Universalis France

Potentiel moyen pour les neutrons et les protons

Construire le potentiel moyen d'un système, c'est remplacer de façon approximative la somme des interactions deux à deux de ses constituants par leur moyenne dans le volume qu'ils occupent. Dans le cas des noyaux, cela revient à admettre qu'en première approximation tout se passe comme si l'interaction s'exerçant entre chaque nucléon et tous les autres, les (A — 1) restants, pouvait être simulée par un puits de potentiel. Pour cette moyenne des interactions à deux corps sur toute la densité de matière nucléaire, l'idée la plus simple est de lui attribuer, compte tenu de la saturation des forces nucléaires, une intensité proportionnelle à la densité de nucléons, c'est-à-dire une profondeur centrale indépendante de A et une allure caractérisée par une surface diffuse, soit, pour les noyaux sphériques associés aux nombres magiques :

où les paramètres R et a ont été définis lors de la distribution de charge des noyaux et où V0 est typiquement de 50 MeV, ordre de grandeur déjà obtenu par le modèle du gaz de Fermi. Bien entendu, pour les noyaux qui présentent un excès de neutrons, cette partie nucléaire du potentiel moyen, dite de Woods-Saxon, est un peu plus profonde pour les protons que pour les neutrons, selon l'argument déjà exposé pour justifier l'existence du terme d'asymétrie de la formule de Bethe et Weizsäcker. De plus, pour les protons, il y a lieu de lui adjoindre une partie coulombienne Vc (fig. 9). En fait, comme nous allons le voir ci-après, pour rendre compte de tous les nombres magiques il faut encore ajouter au potentiel de Woods-Saxon un terme, dit d' interaction spin-orbite, donné par :
l et s sont le moment angulaire et le spin intrinsèque du nucléon considéré et où f est assez bien représenté par l'expression 24A– 2/3 MeV. Il s'agit donc d'un terme relativement intense, contrairement à son analogue atomique qui n'est qu'une correction relativiste. Son origine est directement reliée aux propriétés de l'interaction nucléon-nucléon dont il manifeste la dépendance avec la vitesse relative et le spin, ici moyennée sur tous les nucléons contenus dans le volume nucléaire.

L'intérêt de construire le potentiel moyen de la façon la plus réaliste possible réside dans l'espoir d'épuiser ainsi toutes les ressources de l'interaction des nucléons entre eux au point de pouvoir alors les considérer comme des particules relativement indépendantes les unes des autres à l'intérieur du potentiel qui les retient. En d'autres termes, partant d'un problème où les A nucléons sont tous couplés les uns aux autres, on aboutit, par l'approximation du potentiel moyen, à un problème où les A nucléons sont découplés, de sorte que l'hamiltonien modèle du système est alors simplement la somme des A hamiltoniens individuels caractérisés par le même potentiel moyen. Après résolution de l'équation de Schrödinger associée, ses énergies propres sont donc obtenues en sommant les A énergies individuelles et ses fonctions propres en effectuant le produit des A fonctions d'onde individuelles, antisymétrisé puisqu'il s'agit d'un système[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut de physique nucléaire, université de Paris-VII

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Énergie nucléaire - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Énergie nucléaire

Spectroscopie au voisinage du plomb 208 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Spectroscopie au voisinage du plomb 208

Densité de charge - crédits : Encyclopædia Universalis France

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