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FUSTEL DE COULANGES NUMA DENIS (1830-1889)

D'origine bretonne, Fustel de Coulanges eut une carrière de professeur et d'historien. Après avoir été élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, il fut nommé membre de l'École française d'Athènes et, pendant son séjour en Grèce, dirigea des fouilles archéologiques dans l'île de Chio. De 1860 à 1870, il fut professeur à la Faculté des lettres de Strasbourg. Puis il vint à Paris, où il fut maître de conférences d'histoire ancienne à l'École normale supérieure à partir de 1870. Il devint à la Sorbonne le suppléant d'Auguste Geffroy, qui avait été envoyé en Italie pour diriger l'École française de Rome. En 1878, il devint titulaire de la chaire d'histoire du Moyen Âge qui venait d'être créée à son intention, à la Sorbonne, sur l'initiative de Gambetta. En février 1880, il fut porté à la direction de l'École normale supérieure, qu'il quitta en 1883 pour reprendre son enseignement à la Sorbonne. Il continua cet enseignement jusqu'à sa mort.

Fustel de Coulanges exerça une profonde influence morale sur ses disciples. Il émanait de lui une sorte de rayonnement austère qui enseignait l'ascétisme intellectuel autant que le travail historique. Un homme comme Camille Jullian exaltait en ces termes la vertu de son exemple, quarante années après sa mort : « Le prestige de Fustel tenait à sa valeur d'homme plus encore qu'à sa valeur d'historien [...]. Le respect qui rayonnait autour de lui était comme l'hommage rendu aux vertus morales d'une âme d'élite » (C. Jullian, « Fustel de Coulanges », in Revue des Deux Mondes, 15 mars 1930).

C'est dans le domaine de la recherche historique que Fustel de Coulanges fut un véritable novateur et engagea la science française dans une voie nouvelle et nécessaire. Les grands historiens du xixe siècle, Guizot, Augustin Thierry, Michelet, avec leurs qualités souvent éminentes et rares n'avaient jamais su renoncer complètement, dans leurs études et dans leurs œuvres, à ce qui leur était personnel, idées propres ou attitudes politiques. Au contraire, les règles de la méthode que Fustel appliqua tout au long de sa vie consistent avant tout dans l'obligation imposée à l'historien de se surveiller lui-même, d'apporter un scrupule incessant à la recherche de la vérité et d'écarter définitivement toute idée préconçue. Il revient souvent sur ces règles de la méthode historique et les explicite brillamment dans sa préface de la Monarchie franque : « Dans ces recherches, écrit-il, je suivrai la règle que j'ai pratiquée depuis trente-cinq ans. Elle se résume en trois points : étudier directement et uniquement les textes dans le plus minutieux détail, ne croire que ce qu'ils démontrent, écarter résolument de l'histoire du passé les idées modernes qu'une fausse méthode y a apportées. » À cette rigueur qui exclut toute défaillance Fustel de Coulanges sut allier l'imagination créatrice et le sens littéraire qui ont contribué à donner à ses œuvres tout leur prix.

Quand il mourut, il commençait seulement à mettre en œuvre les immenses matériaux qu'il réunissait depuis vingt ans. Certes, il avait publié en 1864 La Cité antique, destinée à devenir une œuvre classique et mettant en évidence le rôle joué par la religion dans l'évolution politique et sociale de la Grèce et de Rome. Mais son œuvre maîtresse, l'Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, avait commencé seulement à paraître en 1875. Alors avait été publié un premier volume : La Gaule romaine et l'invasion germanique (2e éd. 1877). Après un long intervalle parut en 1888 un second volume, La Monarchie franque, faisant suite au premier et traitant de tout ce qui se rattachait à la vie publique des peuples[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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