NUNAVUT
Le territoire du Nunavut s'étend sur une grande partie de l’Arctique canadien et couvre 2 121 102 kilomètres carrés, soit un cinquième de la surface du Canada ; il représente également les deux tiers de son littoral. Les hivers y sont rudes (– 30 à – 35 0C) et les étés sont frais, voire froids (5 à 10 0C). Le Nunavut, « notre terre » en inuktitut, est issu de la division des Territoires du Nord-Ouest en deux entités distinctes. Il devient en 1999 le troisième territoire du Canada (avec le Yukon). Il se compose de trois régions : Qikiqtaaluk (terre de Baffin) dans la partie orientale, Kivalliq (Keewatin, à l'ouest de la baie d'Hudson) dans le centre et Qitirmiut (Kitikmeot) dans la partie occidentale, pour une population totale de 35 944 habitants (2016) dont 85 p. 100 d'Inuit (anciennement Esquimaux). Sur cette immense étendue se trouvent vingt-sept communautés très distantes les unes des autres et peu nombreuses (moins de 1 000 habitants pour la plupart). Les villes se trouvent principalement en bordure côtière ; la capitale Iqaluit (7 740 habitants en 2016), siège de l'Assemblée législative, est située sur l'île de Baffin.
L'économie du Nunavut repose essentiellement sur les richesses minérales, notamment sur les réserves de fer et minerais non ferreux, les métaux précieux et les diamants, ainsi que sur d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel. L'exploitation de ces ressources se heurte cependant aux coûts élevés de production et aux difficultés de transport liées au territoire. Le gouvernement fédéral a largement participé à leur développement, notamment en fournissant l'infrastructure et l'aide à la recherche de minéraux. La pêche constitue également une activité importante, notamment pour les communautés de l'Est qui exportent leurs produits (crevettes, turbots...) vers les marchés du Sud. Chasse et pêche traditionnelles sont encore pratiquées et attirent de plus en plus de touristes. Les organismes gouvernementaux sont toutefois la source majeure des emplois et des revenus.
À partir du milieu du xxe siècle, les projets de construction de logements par le gouvernement canadien mènent à l’implantation de villages permanents dans la région, entraînant une transition progressive des Inuit d’un mode de vie nomade à un mode de vie sédentaire. Pour des raisons liées à la santé, à la sécurité ou à l’économie, l’installation des familles dans ces agglomérations fragilisa le maintien des activités traditionnelles de subsistance. Les chasseurs devaient dès lors parcourir de plus longues distances pour atteindre leurs territoires ancestraux et se voyaient contraints de concilier leurs activités avec des emplois rémunérés pour s’assurer un revenu régulier. La chute du marché de la fourrure, la raréfaction de certaines espèces animales et l’obligation d’inscrire les enfants dans les écoles résidentielles (pensionnats) contribuèrent à accélérer la sédentarisation des Inuit tout en les privant de la maîtrise de cette évolution. Chapeautés par le gouvernement fédéral mais administrés par les congrégations religieuses, les pensionnats avaient pour objectif de scolariser, évangéliser mais surtout assimiler les enfants autochtones dans la société canadienne. Le dernier de ces établissements, créés au Canada à partir de 1820, a fermé ses portes en 1996. Tous ces facteurs entraînèrent un grand nombre de maux sociaux (violence, dépression, abus d’alcool et de drogues, etc.), provoquant la déstructuration de communautés autrefois régies en fonction des territoires et des liens interfamiliaux. Les Inuit ont alors exprimé leur volonté de participer plus directement au développement des ressources et à la gestion de leurs propres affaires, notamment en exerçant des pressions sur les gouvernements fédéral et territorial. Au milieu des années 1970, ils ont entamé des négociations pour réclamer la création[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ARCTIQUE (géopolitique)
- Écrit par François CARRÉ
- 6 852 mots
- 2 médias
-
ASHEVAK KENOJUAK (1927-2013)
- Écrit par Patricia BAUER
- 338 mots
Considérée comme une figure majeure de l’art inuit, Kenojuak Ashevak fut une des premières artistes à s’essayer à la gravure. Son œuvre se caractérise par des lignes puissantes, des couleurs vives ainsi qu’une composition simple et sans perspective.
Kenojuak Ashevak naît en 1927 dans...
-
CANADA, économie
- Écrit par Serge COULOMBE
- 7 923 mots
Le vaste ensemble du Nord canadien (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut) est très peu peuplé (133 000 habitants en 2016). L’exploitation de ses importantes ressources minières, pétrolières et gazières est freinée par la rigueur du climat et le coût élevé du transport. Les administrations des... -
CANADA - Espace et société
- Écrit par Anne GILBERT
- 12 678 mots
- 5 médias
Le Nord correspond à l’ensemble formé par les trois territoires du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. On pourrait y inclure aussi le Nunavik, au nord du Québec, qui partage plusieurs caractéristiques et aspirations du Nunavut voisin, voire de la partie septentrionale de toutes...