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ATAÇ NURULLAH (1899-1957)

Critique le plus connu et le plus prolifique de la Turquie des années trente à cinquante, Nurullah Ataç est l'initiateur d'une véritable tradition de la critique. Il avoue que ses prévisions peuvent se révéler fausses et ne prétend pas à une impossible impartialité. Ataç a, en effet, volontairement ignoré certains auteurs, mais en revanche il a soutenu des poètes méconnus, tel Orhan Veli, dont il a le premier saisi la valeur. Ataç fut le défenseur de Sait Faik et de Nazim Hikmet ; il a beaucoup aidé les jeunes poètes en les faisant connaître grâce à ses articles dans les quotidiens et il a pris le parti du vers libre. Ataç lutte pour la qualité de la langue turque et pour l'enrichissement de son vocabulaire. Son style et sa syntaxe ont influencé nombre d'écrivains. On lui doit d'excellentes traductions, notamment de Stendhal et de Laclos.

Un de ses thèmes de réflexion favoris est celui de la place de l'art dans la société, sujet sur lequel il a composé des pages prophétiques. La lutte pour le progrès a d'ailleurs été une de ses raisons de vivre : kémaliste convaincu, il considère qu'une révolution culturelle est le fondement même du kémalisme. Aussi se veut-il résolument moderniste : envers et contre tous, il défend la musique occidentale, la peinture abstraite ; il insiste sur l'importance que revêt au théâtre l'espace scénique et la mise en scène ; il estime nécessaire la création d'une cinémathèque.

Ses articles et ses essais recueillis en livres constituent aujourd'hui une mine de références. Son ascendant est indiscutable sur des générations de gens de lettres et d'intellectuels turcs.

— Gayé PETEK-SALOM

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