- 1. Nutrition artificielle par voie digestive : nutrition entérale
- 2. Nutrition artificielle par voie veineuse : nutrition parentérale
- 3. Durée de l'assistance nutritive : nutrition à l'hôpital et nutrition à domicile
- 4. Goût, appétit et fonctions digestives pendant et après la nutrition artificielle : « la réadaptation alimentaire »
- 5. Bibliographie
NUTRITION ARTIFICIELLE
Moins connue que l'hémodialyse, les greffes d'organe ou l'implantation de stimulateurs cardiaques, la nutrition artificielle – mieux nommée encore assistance nutritive – n'en est pas moins à mettre au tableau d'honneur des grands acquis thérapeutiques. Elle permet, chez l'adulte comme chez l'enfant, de suppléer un intestin défaillant, de mettre au repos un intestin inflammatoire, de corriger une dénutrition sévère chez un malade ne pouvant ou ne voulant plus s'alimenter, soit du fait d'une affection grave, soit du fait d'un traitement lourd. Sa durée peut s'étaler de trois à quatre semaines à plusieurs mois ou années. Selon les cas, la nutrition artificielle sera effectuée par la voie digestive (nutrition entérale) ou par la voie veineuse (nutrition parentérale). Toujours mise en route en milieu hospitalier, la nutrition artificielle peut maintenant être continuée à domicile dans les cas nécessitant un traitement très prolongé.
Entérale ou parentérale, la nutrition artificielle a pour principe de base l'apport de tous les nutriments nécessaires à la vie (sucres, graisses, protéines, minéraux, oligo-éléments, vitamines) que le sujet ne peut plus prendre par la voie orale habituelle. Les exemples suivants illustrent trois situations conduisant à l'usage de la nutrition artificielle, qui permet la survie, souvent le rétablissement de la fonction perdue et parfois la guérison.
« Chez un homme de trente-neuf ans opéré à trois reprises du tube digestif, l'intestin grêle restant et le colon sont atteints, dans leur totalité, d'une grave maladie inflammatoire (maladie de Crohn) : toute nouvelle opération est contre-indiquée. L'absorption intestinale des aliments est très diminuée, l'état général se détériore chaque jour et l'amaigrissement a été de 20 kilogrammes au cours des derniers mois. Un nouveau traitement médicamenteux, récemment mis en route, ne portera ses fruits que dans quatre à six mois. Pour surmonter cette période critique, la nutrition parentérale prolongée est le traitement de choix. »
« Chez une femme de cinquante-trois ans, une grave opération, motivée par l'infarcissement subit de l'intestin grêle, a conduit à l'ablation des quatre cinquièmes de cet organe. Il faut attendre six mois pour que l'intestin grêle restant s'hypertrophie et compense, au moins partiellement, la fonction de l'intestin enlevé. Pour attendre cette adaptation fonctionnelle et même l'accélérer, la nutrition artificielle par voie parentérale puis entérale est le traitement de choix. »
« Un homme de cinquante-cinq ans, atteint d'une forme grave mais non dépassée de cancer, ne peut plus s'alimenter : il a perdu l'appétit et 15 kilogrammes en trois mois. Son état de faiblesse rend hasardeuse l'application du traitement (intervention chirurgicale et radiothérapie) que justifierait pourtant la tumeur avec de bonnes chances de guérison. La nutrition artificielle par voie digestive est encore là le traitement indiqué. »
L'évaluation de l'état nutritionnel est, parallèlement à celle de la maladie causale, nécessaire avant la mise en route de la nutrition artificielle, car elle permet d'en définir le niveau énergétique initial, sa progression et sa durée. Plus la dénutrition initiale est sévère, plus l'apport protéino-énergétique devra être progressif avant d'atteindre un plateau, en une à trois semaines. La liste des macronutriments et micronutriments devant être apportés par la nutrition artificielle est donnée dans le tableau. Les deux variables principales sont l'apport énergétique et l'apport en protéines : l'apport énergétique moyen est, chez l'adulte en phase d'équilibre de la nutrition, de 30 à 40 kilocalories par kilogramme de poids et par 24 heures ; l'apport protéique moyen est, chez l'adulte, de 150 à 300 milligrammes[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude MATUCHANSKY : professeur de gastro-entérologie, chef de service de gastro-entérologie et d'assistance nutritive au C.H.U. de Poitiers
Classification
Médias
Autres références
-
DÉNUTRITION
- Écrit par Jean TRÉMOLIÈRES
- 3 905 mots
L'alimentation parentérale n'est qu'une méthode alimentaire d'exception. Elle est en effet difficile à réaliser et généralement insuffisante. Il convient donc de la réserver aux cas où l'alimentation par voie digestive est absolument impossible, car celle-ci, si difficile soit-elle à faire accepter... -
THÉRAPEUTIQUE - Réanimation
- Écrit par Maurice GOULON et François NOUAILHAT
- 3 614 mots
Les apports nutritionnels doivent être élevés pour éviter le catabolisme tissulaire ; quand la voie orale est impossible, on procède soit par sonde gastrique, soit par perfusions veineuses continues. Il faut surveiller les apports par sonde gastrique chez les malades qui ne sont ni intubés, ni trachéotomisés,...