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O.G.M. (ÉTUDE SÉRALINI SUR LES)

Pays producteurs d'O.G.M. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pays producteurs d'O.G.M.

Plusieurs végétaux génétiquement modifiés (OGM), maïs, soja, pomme de terre, tomate, etc., ont été mis sur le marché depuis la fin des années 1990. Selon le cas, ces végétaux sont moins sensibles aux insectes, résistent à des herbicides ou possèdent des propriétés alimentaires particulières. En Europe, chaque culture en champ a été précédée de tests aux échelons national et européen pour évaluer leur éventuelle nocivité directe, la nocivité indirecte sur l'environnement étant d'appréciation incertaine. Actuellement, 10 p. 100 des terres cultivables dans le monde le sont en OGM et l'on n'a pas observé de problème particulier à ce jour ni sur le bétail, ni chez l'homme. La France se place dans une situation particulière : les OGM ne peuvent pas être cultivés en champ depuis 2008, mais sont importés (soja et maïs) pour l'alimentation animale. Cette situation en porte à faux par rapport à l'Europe est liée à une forte résistance contre les OGM. La peur des OGM n'est pas pour l'instant fondée sur des faits prouvés, mais sur un mélange complexe, subjectif et explosif, de crainte pour la sécurité alimentaire, de récusation du progrès technique et de la science, de peur de la génétique, de revendication d'une sorte d'artisanat agricole, de souhait de l'autarcie alimentaire, l'ensemble teinté, d'une manière qui rappelle les campagnes contre le maïs hybride au début des années 1950, par un sentiment anti-américain ici incarné par la compagnie Monsanto. Le débat sur les risques biologiques éventuels des OGM fait d'ailleurs occulter le risque bien réel du contrôle par un petit groupe de multinationales des capacités alimentaires de nombreux pays ainsi qu'une vraie question économique : si l'on intègre les coûts réels d'une culture de maïs transgénique et les effets d'une monoculture sur les sols, ce maïs est-il vraiment plus économique que le maïs usuel ? Quelques études suggèrent une absence de bénéfices économiques.

Le 17 septembre 2012, un hebdomadaire publiait en exclusivité les conclusions d'une équipe de chercheurs de Caen, dirigée par le biologiste Gilles-Éric Séralini. Selon cette étude, le maïs transgénique NK603 (résistant aux glyphosates, comme l'herbicide Roundup), produit par Monsanto, était susceptible de provoquer des lésions graves, rénales et hépatiques, et des cancers, notamment mammaires, chez le rat. L'image choc était celle d'une femelle rat avec une tumeur de la taille d'une balle de ping-pong. La communauté scientifique n'a eu accès à l'article complet lui-même que deux jours plus tard (publié dans la revue Food and Chemical Toxicology). Entre-temps, on a assisté au lancement d'un livre de Séralini, chercheur engagé contre les OGM, et à un déferlement de commentaires et de prises de positions contre les OGM. L'opération de communication a été magistralement menée. La réponse immédiate des pouvoirs publics est conforme à ce que l'on attend au nom du principe de précaution : moratoire, examen des données par des experts au-dessus de tout soupçon, les experts nationaux et européens étant récusés par avance par l'auteur principal de l'étude, et, si les résultats sont confirmés, demande d'interdiction de cette souche de maïs (qui n'est d'ailleurs pas importée), avec comme corollaire le réexamen très probable des licences concernant d'autres végétaux transgéniques.

La très grande majorité des scientifiques ont émis, dès qu'ils ont eu connaissance de la communication elle-même, des doutes très sérieux sur ces conclusions : usage d'une souche de rat qui développe naturellement des cancers à haute fréquence (presque 100 p. 100 à deux ans), insuffisance sur le plan statistique, contrôles expérimentaux incomplets, manque[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Média

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