Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

O.G.M. Production et utilisation

Les applications de la transgenèse

La principale application de la transgenèse est de très loin la recherche fondamentale. Un gène isolé est détaché de son contexte, son transfert dans un nouvel organisme permet donc d'en étudier le fonctionnement et le rôle. La transgenèse, végétale comme animale, est pour cette raison de plus en plus mise en œuvre par les biologistes. Cette tendance ne peut que s'accentuer avec le séquençage complet de divers génomes. La transgenèse va grandement contribuer à révéler la fonction des nombreux gènes ainsi identifiés.

L'étude des maladies humaines et la mise au point de nouveaux médicaments reposent, pour une bonne part, sur l'utilisation d'animaux de laboratoire. L'addition ou l'activation spécifique de gènes permet d'obtenir chez ceux-ci des lignées d'animaux modèles pour l'étude de maladies humaines.

Le lait d'animaux mais également les feuilles ou les graines des plantes transgéniques peuvent être une source bon marché de protéines ayant des propriétés thérapeutiques (cf. biotechnologies). Ce procédé, qui s'industrialise, s'ajoute à ceux qui s'appuient sur les bactéries, les levures et les cellules animales en cultures pour synthétiser des protéines couramment utilisées en médecine humaine (insuline, hormone de croissance, érythropoïetine, interféron, anticorps monoclonaux, vaccins etc.)

Des expériences encourageantes ont montré que les organes (rein et cœur) de porcs transgéniques fourniraient aux Primates, et donc à l'homme, des greffons moins rapidement rejetés que ceux provenant de porcs normaux (cf. greffes). Cela laisse supposer que le porc pourrait être une source significative d'organes et de cellules pour les patients. Il faudrait toutefois, pour que cela devienne une réalité, que les mécanismes de rejet soient mieux compris, que des gènes capables d'inhiber ces mécanismes aient été transférés à des porcs et que les organes des animaux ne transmettent pas d'agents pathogènes aux patients. Ces conditions seront peut-être un jour réunies.

Les applications agronomiques de la transgenèse sont potentiellement considérables. La transgenèse est déjà utile pour mieux comprendre et exploiter les organismes vivants qui sont à la base de notre alimentation. Elle est de plus en plus mise en œuvre à grande échelle pour produire des plantes utilisées pour l'alimentation animale et humaine. Ces O.G.M. ne représentent qu'une toute petite partie des organismes génétiquement modifiés par les biologistes mais les enjeux économiques deviennent ici considérables grâce aux propriétés conférées à ces O.G.M. : résistance aux maladies (qui sont responsables de la perte de 30 p. 100 des récoltes et 20 p. 100 des animaux d'élevage), résistance aux herbicides, amélioration des qualités nutritives et du goût, adaptation aux sols salés ou alcalins, résistance au froid et aux courants d'air, détoxification des sols par captation de métaux lourds notamment, production de molécules pour l'industrie pharmaceutique et chimique (huiles, détergents, carburants, fibres, etc.). Au début du xxie siècle, les O.G.M. végétaux produits en quantité significative sont essentiellement les maïs résistant à la pyrale, le coton ainsi que le soja et le colza résistant aux herbicides et quelques autres. D'abord cultivés en Amérique du Nord, puis en Argentine, en Inde, au Brésil, en Chine et en Afrique du Sud, ils se développent dans un nombre croissant de pays.

Les applications de la transgenèse aux animaux d'élevage sont moins avancées et sans doute moins prometteuses. Les animaux sont en effet moins malléables. Les principaux buts visés sont les suivants : résistance aux maladies, réduction de rejets polluants, meilleure utilisation de la ration alimentaire, croissance, prolificité,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche, unité de biologie du développement et reproduction, Institut national de la recherche agronomique

Classification

Autres références

  • BREVET SUR UN O.G.M.

    • Écrit par
    • 198 mots

    Au début des années 1970, le microbiologiste indien Ananda Chakrabarty invente, pour le compte de la General Electric Company, une bactérie génétiquement modifiée capable de dégrader les hydrocarbures. Le brevet qu'il demande lui est alors refusé, conformément à la jurisprudence (Plant Patent...

  • COMMERCIALISATION DU PREMIER O.G.M.

    • Écrit par
    • 196 mots

    Durant l'été de 1994, une tomate d'un genre nouveau apparaît sur les étals de Californie et du Midwest américain. Produite par la firme américaine Calgene, la tomate flavr savr (jeu sur les mots flavour parfum, et savour, goût) a été génétiquement modifiée pour rester ferme plus...

  • PLANTES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉES ET RÉSISTANCE

    • Écrit par
    • 2 275 mots
    • 3 médias

    Les plantes génétiquement modifiées (P.G.M.), cultivées pour la première fois au milieu des années 1990, se sont imposées dans de nombreux pays, tels que les États-Unis, le Brésil, l’Argentine ou l’Inde. L’extension rapide de ces cultures a suscité maints doutes quant à leur innocuité et éveillé la...

  • PREMIÈRES SOURIS TRANSGÉNIQUES

    • Écrit par
    • 326 mots

    L'obtention des souris transgéniques en 1980 par John W. Gordon et Frank H. Ruddle n'a eu d'écho qu'auprès de spécialistes. Ces expériences démontraient en effet qu'il était possible de transférer des gènes étrangers par micro-injection directe dans un des pronoyaux des embryons de souris...

  • RÉSISTANCE D'UN INSECTE À UN PESTICIDE DE MAÏS O.G.M.

    • Écrit par
    • 482 mots

    La chrysomèle du maïs (Diabrotica virgifera virgifera) est un coléoptère dont les larves s'attaquent aux racines de la graminée et sont particulièrement destructrices. L'insecte est certainement originaire d'Amérique centrale (comme le maïs) et est endémique dans toutes les zones d'Amérique du...

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures depuis le XXe siècle

    • Écrit par et
    • 9 998 mots
    • 2 médias
    ...personnes. De plus, nous l'avons vu, elles entraînent des revers écologiques importants. En poussant plus loin la logique de la deuxième révolution agricole, certains pensent que les plantes génétiquement modifiées (P.G.M.) pourraient contribuer à résoudre certains de ces problèmes environnementaux : ainsi,...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par
    • 5 444 mots
    • 10 médias
    Si le recours à des semences de plantes génétiquement modifiées est tout à fait exclu des formes les plus radicales d’agriculture durable, il ne l’est pas a priori pour d’autres formes d’agriculture durable dont celles qui sont développées par l’A.E.I. ou par l’I.A.D. Au Brésil, l’agriculture de conservation...
  • AGRONOMIE

    • Écrit par et
    • 9 202 mots
    • 1 média
    L'utilisation de variétés issues de certaines des méthodes du génie biologique, en particulier celle de la transgenèse, fait l'objet de vifs débats, notamment en Europe. Tous les pays n'ont pas la même position vis-à-vis de ces organismes génétiquement modifiés (O.G.M.), la France se rangeant parmi...
  • ALIMENTATION (Économie et politique alimentaires) - Enjeux de politiques publiques

    • Écrit par
    • 6 125 mots
    ...entretient avec la recherche et l'innovation, et par voie de conséquence avec l'activité économique qu'il entend favoriser sur son territoire. L'exemple des O.G.M. est net : les surfaces cultivées de maïs, de soja ou de coton transgéniques s'accroissent d'année en année sur le continent...
  • Afficher les 30 références