OASIS ÉGYPTIENNES, archéologie
Les terres cultivées de la vallée du Nil ne couvrent qu'une infime partie de la superficie totale de l'Égypte, occupée pour le reste par les déserts arabique à l'est et libyque à l'ouest. Dans cette zone particulièrement inhospitalière, qui forme le prolongement du Sahara occidental, s'échelonnent du sud au nord les cinq grandes oasis égyptiennes, Kharga, Dakhla, Farafra, Baharia et Siouah, auxquelles s'ajoutent quelques autres de faible étendue dans la région de Farafra. Le terme égyptien ouhat servait à désigner dès l'Ancien Empire la réalité géographique d'une oasis ; il est passé tel quel, par le biais du grec ὄαϐις, dans les langues européennes. Il a également été conservé en arabe.
Difficiles d'accès en raison des rigueurs climatiques et plus encore de la médiocrité des voies de communication, les oasis égyptiennes sont restées longtemps très isolées et par conséquent mal connues. Certains voyageurs cependant, explorateurs aventureux des temps héroïques, relatèrent leurs expéditions périlleuses aux oasis : ainsi Minutoli qui visita l' oasis de Siouah en 1820-1821 et Frédéric Cailliaud qui, en 1815 et en 1822, se rendit dans les oasis occidentales.
Dans les années 1970, sous l'influence de quelques archéologues, en particulier Ahmed Fakhry, grand pionnier en la matière, une réelle impulsion fut donnée à la prospection systématique dans les oasis ; des résultats remarquables viennent couronner ces efforts. Ainsi, peu à peu, s'affine et s'améliore le point de vue qu'on avait jusqu'alors sur cette région. Fondé sur des mentions assez peu nombreuses dans les documents égyptiens et sur l'existence d'un certain nombre de monuments toujours visibles sur place, il ne pouvait rendre compte de la continuité d'une histoire dont les débuts remontent au Paléolithique et qui s'est poursuivie jusqu'à l'époque chrétienne.
Une entité géographique
Les oasis s'alignent approximativement suivant une ligne nord-sud, parallèle au Nil, dont certains géologues pensent qu'il s'agirait d'un ancien cours asséché du fleuve, distant d'environ 200 kilomètres de la vallée. Elles correspondent à des zones où, en plein désert, l'eau peut jaillir en sources naturelles ou être atteinte par le forage de puits artésiens, parfois profonds d'une centaine de mètres. Cette pratique est attestée pendant toute l'époque historique, mais on ignore quand elle a commencé. L'existence d'une nappe d'eau reposant sur une couche d'argile imperméable, extrêmement profonde, n'a pas encore reçu d'explication satisfaisante et demeure l'objet de discussions scientifiques : s'agit-il d'une poche d'eau remontant à une époque très ancienne et retenue par les couches géologiques ou d'une couche de formation plus récente, due à l'accumulation des eaux de pluie ?
Ces oasis se caractérisent aussi par leur très faible altitude par rapport au niveau de la mer ; dans certains cas, elles se situent même au-dessous de ce niveau alors que les plateaux environnants sont relativement élevés, ce qui leur confère un aspect très caractéristique ; en particulier Dakhla et Baharia, qui apparaissent comme des cuvettes entourées de falaises rocheuses. La dépression de Qattarah, occupée par des chotts salins et qui fait partie du même ensemble géologique, se situe, elle, très au-dessous du niveau de la mer.
Le climat très sec ne connaît qu'exceptionnellement des chutes de pluie. En revanche, des vents y soufflent presque constamment, qui ont contribué à l'érosion éolienne des monuments antiques mais ont aussi permis leur protection par un ensablement rapide.
Points d'eau, donc possibilité de vie au milieu d'un environnement aride et hostile, les oasis jouèrent toujours un[...]
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Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
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