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OASIS ÉGYPTIENNES, archéologie

L'oasis de Kharga

Cette oasis s'étend de manière discontinue sur une longueur de 185 kilomètres, de Kharga, la capitale, au nord, à Douch, le point le plus méridional, entre la latitude de Louxor et celle d'Assouan, dans la vallée. Sa largeur oscille entre 20 et 80 kilomètres et elle est reliée à la vallée par une route asphaltée de Kharga à Assiout. Sa superficie a beaucoup régressé depuis l'Antiquité comme le montrent des restes d'anciennes canalisations romaines, abandonnées, qui irriguaient des zones maintenant retournées au désert. Avec le projet de la « Nouvelle Vallée », entrepris en 1959, et fondé sur une exploration géologique systématique du sous-sol, on avait beaucoup espéré mettre en culture des surfaces considérables ; mais cette tentative, après avoir connu un certain développement, est maintenant en état de latence.

Sans doute répondait-elle dans l'Antiquité au nom de ouhat resyt, l'oasis méridionale et également, à partir du Nouvel Empire, à celui de Kenmet, célèbre pour ses vins. Mais ces deux termes englobaient peut-être dans une seule entité Kharga et Dakhla, où se trouvait la capitale.

Des recherches menées depuis les années 1980 ont permis de mettre au jour des gisements paléolithiques et des ateliers néolithiques dans le sud, non loin de Douch. Mais, jusqu'à présent, on n'a pas retrouvé de ruines pharaoniques antérieures à la XXVIIe dynastie, si ce n'est un graffito hiéroglyphique datant du Moyen Empire, à environ 70 kilomètres au sud-ouest de Douch et qui évoque peut-être le passage d'un officiel dans cette région. De nouvelles investigations viendront sans doute combler au moins partiellement la lacune qui s'étend depuis la préhistoire jusqu'à l'époque perse.

Tout près de Kharga s'élève l'imposant temple d'Hibis, selon l'appellation grecque qui reprend le nom égyptien, Hebet ; c'est le plus célèbre des monuments des oasis en raison de sa taille, de son état de conservation et de sa date : c'est le seul temple d'époque perse de vastes dimensions en Égypte. Il a été étudié et publié par le Metropolitan Museum of Art de New York.

Il fut peut-être édifié sur les ruines d'une construction saïte. Le nom de Darius Ier (522-485) avec des ajouts d'Akoris (XXIXe dynastie), de Nectanébo I et II (XXXe dynastie), de Ptolémée II, ainsi qu'une longue dédicace en grec datée du règne de Galba, en 68 de notre ère, sont gravés sur ses parois. Il est bâti et décoré d'une manière parfaitement conforme au style égyptien avec son quai, son allée de sphinx, ses portes monumentales, ses hypostyles, son naos et ses chapelles annexes. Bien qu'il soit dédié à Amon d'Hibis, on y trouve représentées la plupart des divinités du panthéon égyptien, tandis que les salles construites sur la terrasse du temple sont consacrées à Osiris, comme ce sera plus tard le cas à Dendera, mais ici il n'y a pas encore de textes.

Non loin d'Hibis se dressent au sommet d'une colline les vestiges délabrés du temple de Nadoura, jadis entouré d'une enceinte de briques, sans doute destinée à préserver le temple de l'ensablement. Bon nombre de temples des oasis, et de Kharga en particulier, s'élèvent ainsi sur une éminence, véritable acropole. Les parois de l'édifice que l'érosion éolienne a rendues presque illisibles furent décorées sous Antonin au iie siècle après J.-C. de scènes de musique et de danse avec des femmes agitant des sistres et des singes jouant du tambourin. La présence de ces thèmes et la proximité du grand temple d'Amon incitent à en faire un temple de Mout. Un très étrange relief décore le linteau intérieur d'une des portes. On y voit, dans un style purement romain qui contraste fortement avec les reliefs égyptiens, deux personnages appuyés[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section

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